Une femme à la Colline, entre flop pataphysique et édification existentielle

© Elisabeth Carecchio

Un intérieur sombre, indéterminé, des personnages paraissant se découvrir en permanence, face au clair-obscur de leur existence. Des bribes de texte, des énoncés comme effilés. Des tranches de vie cruelles exprimées à l’encan. Avec l’écriture de Philippe Minyna, il s’agit d’approcher de l’essentiel au moyen d’ellipses. Des épisodes d’une histoire qui ne peut se dire, sinon dans ses impasses. Puis le propos s’accélère, on semble entrer dans le vif du sujet, qui n’est autre que le cœur à vif. Pourtant les répliques demeurent ponctuelles, comme volontairement dissociées, jetées dans un espace sans consistance, vides de leur réponse et presque de leur sens. On peut avoir le sentiment de rester sur sa faim ; c’est sans doute l’objet.

Un spectacle dans lequel chacun devrait pouvoir quand même se retrouver : entre pataphysique et révélation existentielle, entre dégoût et francs rires. Il s’agit de jouer la détresse pure de personnages déployée depuis leurs replis les plus intimes, leurs travers les plus insurmontables, et dont l’histoire ne se déroule qu’à l’aune de leur perdition. Un spectacle intéressant, qu’on peut juger manquer de dynamisme toutefois, tant le propos a un aspect rituel, redondant. L’ensemble constitue comme une tentative d’expulsion du verbe, d’exténuation de la langue devant la pesanteur des choses, qui ne cessent de s’imposer, de se dire sans se nommer. Un tourment dont l’élucidation ne sera jamais achevée. Une interrogation inaccomplie ou quintessentielle.

 

Christophe Giolito

 

Une femme de Philippe Minyana ; mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

Avec Marc Bertin, Raoul Fernandez, Catherine Hiegel, Helena Noguerra, Laurent Poitrenaux.

 

Scénographie et lumières Yves Bernard ; musique Étienne Bonhomme ; costumes Anne Schotte ; perruques et maquillage Cécile Kretschmar ; assistant à la mise en scène Maxime Contrepois.

 

Création à La Colline, du 20 mars au 5 avril

Au petit théâtre et du 9 avril au 17 avril au grand théâtre.

Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h.

 

Production La Colline - théâtre national, Théâtre des 13 vents - CDN Languedoc-Roussillon, production déléguée Epoc Productions, avec l’aide à la création de textes dramatiques du Centre National du Théâtre.

 

Le texte de la pièce a paru à L’Arche Éditeur en mars 2014.

 

En tournée à La Comédie de Saint-Etienne, du 23 au 25 avril 2014, aux Treize Arches, Brive, 6 mai 2014, au Théâtre des 13 vents - CDN Languedoc-Roussillon, du 13 au 15 mai 2014.

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