Frédéric Dechaux ou le livre des désillusions

À bâtons rompus et dans une sorte de Voyage autour de ma chambre à la De Maistre – auteur que Dechaux ne peut qu'apprécier – celui-ci se livre à l'évocation et l'exégèse d'un temps  qui au lieu de se reprendre se dilue. Et ce, sinon de mieux en mieux, du moins de plus en plus dans une sorte d'abaissement ou de renoncement généralisé.

En essai libre l'auteur souligne les inclinations sataniques d'un monde où les précieux ridicules achèvent le parcours d'une végétation ou d'une dégénérescence organisée. Dechaux non sans raisons revendique une singularité ontologique  qui  renonce existentiellement aux boussoles de toute nature.
Mais c'est lettre morte même si l'auteur à renfort d'illustres vaticinateurs voudrait sauver ce qui peut l'être. Le temps n'est plus qu'au maelstrom de ce qui ressemble à peine à des pensées.

Forcément l'auteur demeure sa illusion même si – peut-être – une sorte de joie demeure. Elle serait inspirée par une dernière révolte concevable. Cependant Dechaux émet bien des doutes : les bonimenteurs aguerris et les aquabonistes de la pire espèce sont les officiers du "gueuloir" idéologique et médiatique pour faire passer l'humain au rang de profit et perte.

Bref l'auteur fait le vide. Mais sans illusion aucune. C'est ce qui donne paradoxalement toute son alacrité à sa verve et sa réflexion à la fois des plus documentées mais sauvages.

Jean-Paul Gavard-Perret

Frédéric Dechaux, L'ornithorynque à lunettes, Tarmac, octobre 2021, 78 p.-, 12 €

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