Didier Béquillard : la ville mode d'emploi

Didier Béquillard pratique l'ironie poétique à la fois topo et typographique. La surface des villes devient accessible par des vues en surplomb fantaisistes. Les réseaux restent muets puisque de telles cartes se dispensent d'inserts ou dissertations.
C'est comme si la ville devenait silencieuse. Restent de cette exploration, des sortes d'itinéraires. Au regardeur de s'y repérer par effet de voiles et de trames.

Le leporello crée une cartographie dépliable plus ou moins identifiable. S'y pose la question de la perception de tout paysage urbain. Relief et dénominations disparaissent si bien que ce territoire devient une carte intemporelle.
Mais en même temps l'artiste souligne l'aspect précaire de l'urbanisme : c'est comme s'il était toujours à créer ou reprendre sous la fausse contrainte de codes dont le créateur s'empare à son profit. D'où ce mur, cette constellation abstraite. S'y dresse une logique inconnue et mystérieuse de la ville. Elle devient  un labyrinthe ouvert-fermé et à la géométrie singulière comme au protocole particulier et ludique.
Celui-ci laisse imaginer bien des possibles.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Didier Béquillard, Different Towns, Leporello, Éditions Voix, Richard Meier, Elne, mars 2022, non paginé

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