Edouard Louis : à malin, malin à demi

L'auteur se réconcilie ici avec sa mère Monique Belllegueule et il raconte sa vie dans la Somme puis à Paris en un transfuge géographique et presque de classe. L'auteur qui a transcendé le déterminisme social observe comment sa mère s'en est sortie.
Les deux se sont émancipés  et l'implicite est là pour dire une ascension en quittant une condition fatale mais  qui cache mal un certain mépris pour les pauvres . 
 
Le  livre semble être un pendant à Qui a tué mon père. La dimension théâtrale du texte permet de suggérer la fierté d’être le fils de cette femme.
 
Et l'auteur qui n'a cessé d'accuser les autres donne ici une version retournée d'un tel état de fait. L'amour des autres apparaît – enfin presque. Mais celui qui se dit contre la littérature est en plein dedans. Il est l'Écrivain. Il se veut engagé et cultive une posture idéologique à la Barthes.
Néanmoins ce roman devient un produit romanesque manufacturé surlignant une certain état de la société. Mais tout cela sent moins le conte de fée qu'un certain feel good en ce "misérabilisme chic" comme le souligne justement Beigbeder. 
 
Quelle est la part de vérité et de pause dans cette mise en forme que la bourgeoisie lira avec délectation pour se rassurer dans ses certitudes ? Telle est la question.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
 
 
Édouard Louis, Combats et métamorphoses d'une femme, Le Seuil, avril 2021, 128 p.-, 14 €

 

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