Edouard Louis : à malin, malin à demi

Les deux se sont émancipés et l'implicite est là pour dire une ascension en quittant une condition fatale mais qui cache mal un certain mépris pour les pauvres .
Le livre semble être un pendant à Qui a tué mon père. La dimension théâtrale du texte permet de suggérer la fierté d’être le fils de cette femme.
Et l'auteur qui n'a cessé d'accuser les autres donne ici une version retournée d'un tel état de fait. L'amour des autres apparaît – enfin presque. Mais celui qui se dit contre la littérature est en plein dedans. Il est l'Écrivain. Il se veut engagé et cultive une posture idéologique à la Barthes.
Néanmoins ce roman devient un produit romanesque manufacturé surlignant une certain état de la société. Mais tout cela sent moins le conte de fée qu'un certain feel good en ce "misérabilisme chic" comme le souligne justement Beigbeder.
Quelle est la part de vérité et de pause dans cette mise en forme que la bourgeoisie lira avec délectation pour se rassurer dans ses certitudes ? Telle est la question.
Jean-Paul Gavard-Perret
Édouard Louis, Combats et métamorphoses d'une femme, Le Seuil, avril 2021, 128 p.-, 14 €
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