Elsa Marpeau, Les corps brisés : Au bout de la folie

Un auteur à suivre

C’est avec Les yeux des morts, polar hanté déjà par des corps martyrisés, qu’Elsa Marpeau s’est faite remarquer des amateurs de polars. Elle a enchaîné ensuite avec Black Blocks, roman sur la manipulation politique, puis L’expatriée, livre à la fois onirique et cauchemardesque. En 2015, Marpeau a donné un vrai chef d’œuvre, Et ils oublieront la colère, sorte d’aller-retour entre la Libération et notre époque via des personnages féminins blessés. Avec Les corps brisés, elle s’inspire d’un fait divers pour nous donner quelque chose… de très particulier.

Femme brisée

Sarah est pilote de rallye et subit un jour un grave accident qui cause la mort de son copilote et la mutile profondément. Après une période de coma, elle se retrouve paraplégique dans un centre hospitalier en haute montagne, où elle doit suivre une période de rééducation. Immergée dans un milieu nouveau, entre médecins, kinés et infirmiers, Sarah s’attache à Clémence, atteinte par le cancer du sein et mère d’un petit garçon. Cette dernière se met à peindre les murs de leur chambre, dans un délire psychotique qui séduit l’ex-pilote. Du jour au lendemain, Clémence disparait. Paniquée par sa disparition, Sarah se met à enquêter, enrôlant même l’aide-soignant Alexandre pour découvrir la vérité, même si sa santé mentale vacille...

Un roman noir et physique

Les corps brisés séduit par son ton volontiers torturé tout en restant cliniquement froid. Sarah souffre clairement d’un syndrome post-traumatique, sans compter le fait d’avoir perdu l’usage de ses jambes, qui la rend vulnérable au monde extérieur. Elle est cependant loin de se douter que sa psychose est loin de tout fondement. Au final, cela enrichit ce roman qu’on peut sans problème classer dans le top ten des meilleurs polars de l’année.

Sylvain Bonnet

Elsa Marpeau, Les corps brisés, Gallimard série noire, mai 2017, 240 pages, 19 €

 

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