De neige et de rêve, les bijoux d’Elsa Triolet

Résistante, écrivain, Elsa Triolet fut par son envergure intellectuelle un des personnages majeurs du 20e siècle. Editrice de journaux de résistance dans la Drôme, première femme à avoir obtenu le Goncourt en 1945, elle assista au procès de Nuremberg, au sujet duquel elle livra des reportages. Elle écrivit jusqu’à sa mort de nombreux romans aux côtés d’Aragon. Femme engagée dans tous les combats, il est touchant de découvrir qu’elle fut aussi entre 1929 et 1932, une créatrice de bijoux pour la haute couture. Ses créations à base d’os, de pâte à papier, de strass, de métal tranchent avec les matériaux habituels, plutôt or et diamants que papier mâché.  Objets que Louis Aragon lui-même allait vendre dans les maisons de couture avec une mallette de V.R.P. !

Certaines de ses créations sont proches du ready made duchampien. Comme ce collier de perles de cotillon, réalisé juste après la grande dépression, un bijou aussi décalé que lourd de sens : après la crise économique, le moment était venu de créer une mode pauvre et élégante mais vendue à prix d’or, comme chez Schiaparelli avec qui elle travaillait.

Lelong, Vionnet, Molyneux furent de ses clients pour des bijoux d’inspiration africaine ou océanienne très simples, des parures en perles de verre noires ou blanches retenues par un fil. Ces boucles en pâte de verre, cette ceinture en ottoman de coton bleu annoncent que les années folles ont fait place à une ère nouvelle totalement inconnue.

Parallèlement à ce travail de création qui lui permet de vivre, elle réalise de véritables recherches ethnographiques sur le monde de la mode en cette période cruciale du vingtième siècle.

Ce catalogue est édité à l’occasion d’une exposition des bijoux d’Elsa Triolet, présentée au musée d’Art, Histoire et Archéologie de la ville d’Evreux.


Brigit Bontour


De neige et de rêve, les bijoux d’Elsa Triolet, Editions du chêne, 191 pages, 29,90 eur


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