Les acteurs attendent leur public d’un air faussement complice,
avec une connivence un peu méprisante. Ils posent, singeant
eux-mêmes leur posture narquoise, un peu gouailleuse. Le propos est
descriptif ; on craint initialement d’avoir affaire à une
simple histoire. Heureusement les narrateurs se fondent vite dans les
personnages dont ils décrivent les frasques. Le spectacle se sert
bien de cette distance toujours variable entre les comédiens et
leurs personnages. Les phrases de Zola sont croquées dans des
tableaux vivants, rapidement convoqués, aussitôt congédiés. Les
protagonistes de l’action en paraissent éphémères et fragiles,
emportés dans le tourbillon d’une existence qui les ballotte sans
ménagements. On se laisse donc porter sans difficultés par le
propos.
Une adaptation réussie du roman de cette môme perdue
étourdissante dépeinte par Zola. Un spectacle cru, désenchanté,
nourri de doutes et de désillusions. Les acteurs, qui signent
l’adaptation et la mise en scène, habitent leur propos, présentent
un travail accompli et efficace. La représentation est ornée de
chansons de rue, du style Paris populaire. On passe du pathétique à
l’ironique, on joue de provocations, s’arrêtant juste à temps.
Mais le propos n’a d’autre vulgarité que celle de son objet. Le
climat passe allègrement du pathétique à l’ironique, de façon
souple et allègre. Il s’agit d’une tranche de vie bien découpée,
un peu saignante, à l’odeur âcre mais agréable. Dans les limites
de ses intentions, le duo Cohen/Goudot nous fait passer un beau bout
de soirée.
Production
groupe Ex Abrupto, avec le Concours du Ministère de la Culture et de
la communication – DRAC Midi-Pyrénées et le soutien à la
diffusion de la Région Midi-Pyrénées.
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