Existe dans cette suite de vignettes en dérive des splendeurs infimes, les éclats d'ordinaires présences. S'y ressent combien Laugier s'est emparé du monde américain tel qu'il l'éprouva.

Avec le temps qui sépare le moment de la perception et son écriture les parcelles du monde s'ouvre avec le gout des mots qui se rappellent. Laugier ne va pas plus loin car c'est comme s'il était de retour.

Et ce dans son désir d'errance là où l'approche importe plus que la présence par la vertu des lieux fait de l'ocre des fermes ou de l'aluminium du ciel.

Restent des images de vie, des torses nus de travailleurs, des femmes aux épaules rondes derrière leur caddy, des pages de campagnes, de routes, de villes. En arpentant à nouveau de tels espaces Laugier se perd pour que persistent et s'entremêlent des crédos de ce qui fut le  et son nouveau monde.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Emmanuel Laugier, Poèmes du revoir américain, Unes, juin 2021, 76 p.-, 16 euros