L’orphelinat d’Emmanuelle Fridemann : Pas facile la vie de pupille !

D’habitude, on ne goûte guère les livres dits de terroir : documentation lourdingue, construction narrative faible, intrigue molle, ces livres semblent souvent destinés à notre grand-mère. Cette histoire écrite par Emmanuelle Friedmann, l’auteur de La dynastie des Chevalier tranche sur le lot par le côté humaniste qu’elle dégage et par le charme de ses personnages.

 

Orphelin de père, Olivier n’a plus de nouvelles de sa mère et se retrouve en 1920 à l’orphelinat de la victoire à Saint Malo  avec des dizaines d’autres retrouvés sous un porche, abandonnés par des parents trop pauvres… Confronté à un directeur sadique qui rêve d’envoyer tous ses pensionnaires en maison de correction, il veut absolument retrouver sa mère dont il ne sait rien. Avec Martin et Baptiste, ses camarades, il va chercher à s’enfuir pour retrouver ses origines. Maintes fois, il échouera et à l’orphelinat on ne plaisante pas avec les punitions : cachot, coups, humiliation, la vie des pupilles de la nation n’a rien d’une sinécure même si le père la Bruyère cherche à adoucir la vie de ses pensionnaires.

 

Parallèlement, on suit les états d’âme de Max, fils d’une importante fabrique de sardines, amoureux de Madeleine, une ouvrière. Ces deux-là vont aussi devoir s’enfuir pour vivre leur histoire au grand jour.

 

Lutte des classes, conflits ouvriers, condition sociale des enfants au début du XXe siècle, mystère autour de la filiation et couple infernal de Thénardier, l’histoire est riche et prenante. Tout se termine bien évidemment pour les trois garnements, mais on se surprend à espérer une suite à cet orphelinat de bonne facture.

 

Ariane Bois

 

Emmanuelle Friedmann, L’Orphelinat, Calmann-Lévy, janvier 2015, 259 pages, 18,90 euros

 

> Lire l’interview d’Emmanuelle Friedmann réalisée par Cécilia Dutter

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