Jean Giono revisité

Cet imposant et bel ouvrage sert de catalogue pour l'exposition Giono présentée au MuCEM du 30 octobre 2019 au 17 février 2020. Le lieu n'a pas lésiné sur les moyens pour sa défense et illustration de l'écrivain. Le nombre de manuscrits et documents est imposant et significatif.

L'exposition et le livre suivent le parcours de l'écrivain et cinéaste qui a subi un ostracisme discutable après la guerre. Il a eu l'intelligence de s'en expliquer une seule fois et n'y est pas revenu. Mais il n'a cessé néanmoins d'écrire - en une compulsion existentielle - jusqu'à la fin de sa vie et l'époque où il écrivait des chroniques hebdomadaires dans "Le Dauphiné Libéré".

Les contributions entre autres de J.M.G. Le Clézio, David Bosc, Alice Ferney, Sylvie Germain et surtout d'Emmanuelle Pagano permettent de mettre en pièces les idées toutes faites sur l'écrivain. Il sort de l'idéologie pacifiste et est ramené au coeur de sa cible : à savoir l'écriture.

Plus qu'auteur doucereux Giono fut un écrivain "menaçant" dans le mesure où il montre les côtés sombres des êtres. Le soleil des Alpes du Sud marque encore plus les ombres chez celui qui par l'exercice de la marche mettait un peu d'ordre dans le noir qu'il percevait et perça.

Les écrivains convoqués sortent en conséquence du brouillard l'auteur dont la silhouette semble se perdre peu à peu. Il y a donc ici des zooms sur la profondeur de champ d'une œuvre monumentale. Dans l'horizontalité de l'écriture - du haut et du bas, des mouvements, incertitudes et pluralités des êtres - naissent bien des inquiétudes.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Emmanuelle Lambert (sous la direction de), Giono, 190 x 255; nombreuses illustrations, Gallimard, octobre 2019, 320 p.-, 39 €
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