Ce livre tient en une seule journée : celle de la pêche de la Caspienne et  la remontée du sous-marin, pendant la dernière mission d’un des deux protagonistes. C’est  l’heure des retrouvailles et des souvenirs d’enfance.

S’y mêlent légendes, conflits d’usage et de territoires,  entre « ceux » de la terre et « ceux » de l’eau, entre chasseurs, pêcheurs, métayers,  propriétaires, des nuisibles, naturalistes, écologistes. Existent aussi  bien des rumeurs, des histoires d’amour et de famille au sein d’une faune et flore où se mêle la lumière des eaux et l’obscur.

Ces personnages sont des sortes de fantômes qui finissent le cycle des rives. Ils  reviennent au bord de l’étang et se retrouvent enclins à reconstruire des modes d’existence – ou de ce qui en tient lieu. Chacun des personnages est un morceau du livre, une barque en dérive plus ou moins étranger au monde.

Les deux héros cherchent leur soleil en retrait de l'existence et des jeux sociaux. D'une certaine manière ils en sont les exclus. Sauf certains soirs où le réel - pour un temps -  les saisit par surprise.

On peut les prendre pour taciturnes et froids. Ils sont plutôt des spectateurs errants de ce qui se passe autour de la maison de leur être, cette niche étroite et  isolée du reste du monde.
Parfois sa porte coulisse. Parfois.
Pas souvent.



 

Jean-Paul Gavard-Perret

Emmanuelle Pagano, Serez-vous des nôtres ? », P.O.L, août 2018, 480 p. -, 20 €