Confession d'un réac tendance mousquetaire par Denis Tillinac

Enfin un auteur qui assume positivement d’être réac ! Enfin quelqu’un qui rappelle à Aymeric C… (celui avec deux lettres en trop dans le nom, dirait Naulleau) et à toute la clique boboïsante de la moraline socialo-coconne qu’il est possible d’aimer sa patrie et l’histoire, la littérature, voire d’être croyant, d’être nostalgique, d’avoir le sens de l’honneur, de croire en des valeurs, de reconnaître les hiérarchies, bref de ne pas être ecosocialo-concon tout en étant honorable, respectable et digne. Il faut être honnête et préciser que le socialo-concon (ou l’écosocialo-concon) a son équivalent de droite. Points communs : communicants, incultes (culture générale superficielle, façade culturée qui s’érode dès qu’on gratte pour chercher à comprendre), sectateurs, manichéens (le Bien étant leur opinion, le Mal, qui rappelle forcément « les heures les plus sombres de notre histoire » toute opinion autre). La médiocrité la plus crasse les caractérise. Mais là n’est pas le sujet, revenons au court essai de Denis Tillinac.

Tillinac réussit brillamment, avec plume et non sans humour, à retourner joyeusement le procès permanent instruit à l’encontre des réacs (quand ils ne sont pas qualifiés de ringards, de fachos ou de nazis). Pour la première fois de ma courte existence, je me suis senti réac. Selon la définition proposée par Denis Tillinac : « en réaction contre les tendances de l’époque ». En clair, je suis nostalgique de temps que je n’ai pas connus – et dans lesquels je me serais senti en décalage. Comme le souligne Tillinac, non seulement le réac est distant vis-à-vis de l’époque à laquelle il vit, mais il le serait peu importe l’époque dans laquelle on lui proposerait, par je ne sais quelle magie ou quel sortilège, de vivre.


Tillinac relève le flambeau et porte haut l’étendard de la réaction. De son texte, nous retiendrons que réactionnaire ne signifie nullement anti-démocrate, nostalgique du Régime de Vichy ou fasciste (anti-républicain au sens usité par nos minables politicards et autres pseudo-sociologues n’a aucun sens en France. La République est notre type de régime politique, par opposition à la monarchie ou à l’empire. Il est des républiques dictatoriales, la Chine de Mao par exemple ; et des monarchies démocratiques, le Royaume-Uni de Tatcher – toute provocation dans le choix des exemples étant parfaitement délibérée et assumée, ce d’autant plus que j’éprouve un mépris profond pour ces deux dirigeants, quoique je ne les mette pas sur un pied d’égalité). Le réac selon Tillinac vante l’intériorité, l’humour, le détachement, la différence entre les sexes, un sens de l’honneur et des valeurs que d’aucun juge désuet, obsolète, voire ringard. Mieux vaut être galant que néo-féministe tendance Femen. L’agnostique que je suis se reconnait dans la religiosité de Tillinac en ce sens que je respecte au sens profond du terme les croyances et les religions, sans déroger toutefois à mes valeurs. Je ne commettrai pas la connerie sans nom de putain sans cervelle en mimant un avortement sur l’autel de la Madeleine la veille de Noêl (c’est condamné par la loi qui garantit le respect des lieux de cultes, mais ça n’a pas dérangé Valls pourtant encore Ministre de l’Intérieur et des Cultes). Pas plus que comme certains crétins (connards) musclés ne disposant pas de plus de cervelle je n’irai jeter des têtes de porcs ensanglantées sur une mosquée ou taguer une synagogue (là les condamnations sont  systématiques, exemplaires – encore heureux ! – et médiatiques. Deux poids, deux mesures…).


Circonstance aggravante, en réac historien, je refuse la repentance, cette seconde faute selon Spinoza (je la refuse aussi en tant que concept essentiellement chrétien, étant sceptique). Je me moque de l’inculture et de la stupidité abyssale des abrutis qui ne cessent de manipuler et juger l’Histoire en fonction de l’esprit et des moeurs contemporains, ou plus prosaïquement de leurs intérêts bassement politiciens ou communautaristes (Taubira, Gayssot, Devedjan, Terra Nova, liste absolument non-exhaustive). L’Histoire n’est pas la compilation des mémoires victimaires. L’Histoire tient compte de la mémoire pour ce qu’elle est, avec ses errements sentimentaux – certes légitimes – et ses défaillances factuelles. L’Histoire se doit autant que possible d’être objective, froide. Les événements s’inscrivent dans une époque et une géographie. Ils ne sauraient être interprétés à travers le spectre de la moraline actuelle.


Voilà quelques réflexions que le bel essai de Tillinac m’inspire. Il y en aurait plus, bien sûr, avec du temps et un minth-julep bien frais… Quelles que soient vos opinions politiques – le réac peut-être de droite comme Tillinac ou de gauche comme Debray – je vous recommande la lecture de cette confession d’un réac tendance mousquetaire (expression détournée d’un autre réac, Bernard Lugan).


Denis Tillinac, Du bonheur d'être réac - Apologie de la liberté, Équateurs, 2014, 12€, 108 p.

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