La peinture, cet éternel recommencement. Ses époques. Ses courants. Ses familles. Ici nous sommes avec l’un des pairs de Bacon et Lucian Freud. Voire de Philippe Pasqua – le neveu de l’autre – qui, en 2018, s’appropria le domaine de Chamarande avec des drôles de bestioles.
Yan Pei-Ming nous donne à voir une peinture puissante. Une approche stylistique similaire dans un même thème. Le portrait. Grande taille. Des traits goulus. Une peinture en surcouches. Des effets de miroirs, des jeux de lumières, des transparences, des émotions… Un choc !

Initialement prévue le 2 avril, l’exposition du Musée Unterlinden de Colmar est donc prolongée jusqu’au 11 octobre 2021. Elle s’est conçue en écho au célèbre Retable d’Issenheim, le chef-d’œuvre de ses collections. Et propose un parcours au cœur de quatre décennies de l’œuvre peint.
Peintre chinois vivant en France depuis des décennies, Yan Pei-Ming excelle dans une approche faussement figurative. Son style se base sur une double inspiration (oriental et occidentale). Il réinterroge le passé à l’aune du présent. Ses immenses formats théâtralisent chaque composition. Il y a beaucoup de portraits de Mao. Puis la figure du père – ou l’autoportrait s’impose. Mais n’allez pas y voir une forme de nombrilisme. Ming sait aussi s’ouvrir au monde. En 1993-94, à la Villa Médicis, il peint des portraits collectifs dont le plus connu, Au bord de l’eau – 108 brigands, rassemble cent vingt personnes qu’il côtoya durant ces deux années de pensionnat…

Rarement l’artiste accepte la commande. Voici donc une raison de plus de se rendre à Colmar. Pandémie a été peint à l’initiative de Yan Pei-Ming. Il l’a exécutée en novembre 2020. Plusieurs pages suivent l’avancée. On partage les doutes. On suit les renoncements. On découvre le revirement de dernière minute. Et l’on savoure le chef-d’œuvre accompli…