Fleurs sans bas bleus – Stephanie Chardon

                   

Stéphanie Chardon découpe à sa main le corps féminin. Cette vision rejette les attributs superficiels voire pitoyables d’un capitonnage attendu. Et si comme l’écrivait Paul Nougé « tout ment dans le corps », l’artiste ose une représentation aux résonances profondes. Le « réalisme » de Stéphanie Chardon s’impose avant tout comme langage. Il dépasse les instantanés figuratifs qui condamnent trop souvent à enfermer la représentation à une image conformiste du réel. 


Partant de la pure forme « picturale » Stéphanie Chardon  met le corps à l’épreuve d’une prise au dynamisme particulier. Face au formalisme confus du réel elle propose son ordre par un certain « désordre ». Ce langage poétique configure donc le réel pour le signifier au moyen de « clés »  qui ouvrent ses « portes » selon un sens qui déplaira à certains. Mais le « cœur » du corps y est ausculté en de silencieuses magies. Une fièvre particulière s’enracine.
  L’artiste s’inscrit donc en opposition à Maurice Blanchot lorsqu’il écrit "Je ne suis jamais parvenu à désencoigner cette crevasse de silence où tout tombe d'abord en moi".


L
a femme n’est plus une femme mais une suite d’évènements insolubles selon un sentiment  qui prend sa source dans la peur de l’impénétrabilité de tout ce qui n’est pas chose mentale. La seule rencontre possible représente à ce titre une excavation, une immersion. L’homme par effet de récurrence ne peut être actif que de manière négative, c’est-à-dire en subissant  la vanité des phénomènes que l’artiste segmente avec humour.


Jean-Paul Gavard-Perret

Stéphanie Chardon, « Fleur Bleue »« Carnets d’artistes », Eric Higgins, Saint Jean de Mont, 2016.

 

 

Aucun commentaire pour ce contenu.