Les chattes et leurs désirs amoureux
Le titre n'est pas salace...il m'évoque plutôt le ronronnement et les mines que font ces petites bêtes poilues, douces et griffantes, pour se faire caresser.
Il ne faut pas s’arrêter au premier chapitre de ce roman pour juger de l’ensemble ( ni peut-être à la couverture) car cette entrée en matière est la partie la plus faible du texte. Sans doute aurait-fallu y aller plus franco, sans s’attarder à faire une trop classique présentation de l’héroïne, Marie.
Ces premières pages paraissent assez artificielles par rapport au reste, alors que l’angle choisi par Thomas Galley pour nous parler d’amours féminins, est intéressant et fort puisqu’il laisse le lecteur et Marie constamment sur le fil de rasoir, ne laissant jamais le désir se consommer. Et c’est malin de la part de Thomas Galley parce que la littérature érotique pèche souvent par cette manie qu’ont les auteurs de gaver le lecteur de jouissances effrénées, sans temps de latence.
Marie, l’écrivaine, vient de rendre son manuscrit à son
éditrice. Elle navigue dans cet état bizarre d’errance d’après écriture, et perd
son temps à surfer sur le net. Troublée par des propos lus sur un forum, elle se
questionne sur l’homosexualité féminine et
prévoit de se pencher sur le sujet pour peut-être en faire un livre. Elle
rencontre pour la promo de sa prochaine parution, Nadège, une journaliste qui, au détour de la conversation, lui propose de l’emmener dans des lieux dévolus aux amours saphiques afin
qu’elle puisse enquêter et se faire une idée de ce monde très éloigné de sa
vie.
Nadège, que Marie perçoit comme pratiquante homo, se fait un malin plaisir à balader la jeune femme de façon désinvolte, sans jamais rien trahir de ses propres émois ou désirs.
Le rapport qui s’établit entre les deux femmes est ambigu, il symbolise ce qu’est, ou ce que devrait être, le désir érotique. Une chose indicible, mouvante, lente, dans laquelle le doute s’immisce et ravage les sens et l’esprit.
Pour l'initiation, Marie regarde, écoute, mais ne touche pas.
Nadège, d’ailleurs, pose une seule condition à l’initiation théorique de Marie : elle va lui faire rencontrer des lesbiennes et lui montrer des choses si fortes qu’elle aura envie, sûrement, d’y succomber. Et bien, elle devra tout refuser.
Marie accepte donc de n’être que témoin. Elle va entendre et écouter les témoignages de ces femmes mais aussi assister, en tant que voyeuse, à des jeux et des soirées érotiques où les femmes, parfois, se font dominantes.
Ainsi Thomas Galley ne cesse de se jouer de Marie avec des évocations, des mots et de simples confessions, puis la jette dans la fosse aux lionnes sans qu’elle ne puisse apaiser ses sens énervés. Car Marie, entre gêne et trouble, va être très énervée…et les deux femmes qui campent tant bien que mal sur leurs réserves, ne cessent de danser un tango déstabilisant….
Anne Bert
Thomas Galley, Les chattes, édition Numériklivres,
3,49 € - 110 pages , formats : e-pub, mobypocket, version web
3 commentaires
je voudrais telecherger cette romen aidez moi slvp
Je lis toujours avec attention les chroniques de Anne Bert. Il me semble que ce regard précis sait déceler les qualités d'un texte. Alors j'avoue, je suis curieuse et je vais aller lire cet opus. Merci Anne, de l'avoir présenté.
@ Rose : vous pouvez le télécharger ici par exemple.