Les Grandes impostures littéraires de Philippe Di Folco

Voilà entre tous un sujet « star » dans la littérature : une manière d'enquête policière pour savoir qui a triché et qui s'est caché — sans toujours direpourquoi — dans le petit monde des gensdelettres. Quoi ? ceux-ci ne sont pas que probes et humanistes ? Eh non, mais nous le savions, n'est-ce pas ? Alors pourquoi s'en aller compiler en un fort volume illustré d'exemples comme on le fait en ce moment à la télévision-qui-vend-de-l'espace-de-cerveau-libre-pour-les-publicitaires les grandes impostures littéraires, dont la plupart — disons-le déjà pour clore le ban — n'ont de littéraire que le lieu de travail de l'imposteur ? est-ce donc un effet de mode qui fait choir Philippe Di Folco dans la compilation ?

Cette compilation, qui pose le fait littéraire comme anecdotique — ce qui est bigrement désobligeant — fait ressortir tout de même des types de l'imposteur, celui qui, telle que la définition le précise, se fait passer pour autre. Mais entre le petit malandrin et Roman Gary, entre celui qui va s'inventer une vie ou rédiger de faux-souvenirs, faux-mémoires, faux-journaux intimes et les grands maîtres qui n'ont posé le masque sur leur identité que pour et par la littérature — voire par un acte littéraire même —, il y a un monde, que Di Folco traverse d'une même autoroute. Bien sûr, il y a beaucoup de choses amusantes — mais qu'on ne retient pas — et beaucoup de choses édifiantes accumulées dans ces pages, mais cette manière d'anan'en produit rien.

Un essais pas assez jouflu et qu'il fallait étoffer d'exemples ? 

En revanche, la seconde partie du volume, qui est l'expression théorique, est nettement plus intéressante. Elle commence par un rappel du sens des termes employés (disons-le bêtement : pourquoi donner les définitions après les exemples ?) et s'achève dans un manuel du parfait imposteur où Di Folco précise le champs d'action, le travail préliminaire, rappelle à fort juste titre qu'un imposteur n'est pas un oisif et qu'il faudra une culture générale et littéraire de fort bonne stature pour espérer berner les gogos. Des conseils et pas de recettes miracles, donc, ce qui aurait été cuistre tout de même.

Reste au final un livre amusant, une bonne compilation qui n'apporte rien d'autres que quelques faits qui divertissent toujours l'esprit et un essai qui théorise sans ennuyer. À feuilleter.


Loïc Di Stefano 

Philippe Di Folco, Les Grandes impostures littéraires,  Ecriture, octobre 2006, 356 pages, 21 euros

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