William Styron, "Des havanes à la Maison-Blanche" : où l’on rit beaucoup, parfois jaune

Un livre de William Styron (1925-2006) est toujours un événement. Alors la parution de deux simultanément, pensez donc ! Du vif argent dans les veines ! Pas moins. On glissera dans celui-ci avec plus de baume au cœur, tant ces quatorze textes sont piquants. Pince-sans rire monsieur Styron, jusqu’à se laisser prendre à son propre jeu. On connaissait notre BHL à la chemise blanche toujours partant pour la mousse, à le show médiatico-politique... On ne savait pas William Styron capable de se laisser prendre à se jeu-là. Même si du temps de Kennedy l’exposition était moindre, mais on sent filtrer dans le texte une certaine morgue. Une pointe d’orgueil. De la fierté aussi à pavaner à Paris lors de l’intronisation de François Mitterrand. On en reste un peu sur le flanc, puis on prend le parti d’en rire puisque c’est si finement narré que le sourire monte aux lèvres. On imagine parfaitement laMercouri suivi de cinq messieurs en imperméable remontant le Bould-Mich. On adhère à la réflexion de Carlos Fuentes qui fit remarquer que la foule pensa certainement que c’était ses gardes du corps, et non pas d’éminents écrivains... On sait seulement que l’on n’aurait jamais vu Hemingway se confondre avec ces gens-là. Politique et littérature ne peuvent faire bon ménage... 


Souvenirs donc que ce recueil, de l’agent de son premier éditeur qui demandait à Indianapolis si, des luttes sans merci pour parvenir à écrire un mot un tantinet osé (derrière plutôt que cul, et jamais de braguette ouverte !), à la haine des bibliothèques (voire plutôt des bibliothécaires nettement bornés) en passant par son dialogue pour le moins cocasse avec l’écrivain noir James Baldwin, petit-fils d’esclave (Styron étant l’héritier d’une famille sudiste) et son cas de syphilis traité à l’armée par un médecin un peu trop à cheval avec les Saintes Ecritures... tout un échantillons de moments de vie qui cristallisent des périodes importantes. Un manuel pour mieux comprendre la vie - et donc un peu l’œuvre - d’un des plus grands auteurs américains contemporains.


Annabelle Hautecontre


William Styron, Des havanes à la Maison-Blanche, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clara Mallier, Gallimard, "Du monde entier",  octobre 2011, 150 p. - 17,50 €    

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