Claude d’Anthenaise & Françoise Pétrovitch : "L’art d’accommoder le gibier" ou manger Bambi ?

Vous n’y pensez pas ?! Quoique... L’idée peut paraître absurde au premier abord, et finalement, devenir excitante tant l’affront est obscène. Mais quoi ? Nous ne serions alors que d’infâmes primates en recherche de chair fraîche et sanguinolente à nous mettre sous la dent ? Certes oui, nous sommes des carnivores, n’en déplaise aux petits malins qui se sont donnés le mot en cette année 2011 pour tenter de faire des coups éditoriaux - entendez commerciaux - sous l’obscur prétexte que manger un animal, bouh ! c’est vilain...

Oui, manger Bambi c’est moche. Mais qui pense à ce qu’il a réellement dans son assiette au moment fatidique ? Qui sait combien souffre un animal lors de son convoi vers le site d’abattage ? Qui a jamais entendu parler des dégâts causés par l’adrénaline sécrétée par l’animal et que l’on retrouve dans sa viande ? Pas grand monde, sinon nous serions tous végétariens. Et donc totalement débiles et handicapés car c’est ainsi, pour grandir et nous développer, nous avons indéniablement besoin de viande. N’en déplaise aux éditeurs publiant le contraire... La science n’a que faire des études de marchés.

Traité sous la forme humoristique, l’essai de Claude d’Anthenaise parcourt les années au gré de son humeur et de certaines recettes littéraires qu’un chef pourrait faire siennes... Agrémenté d’un étrange service de table inventé par Françoise Pétrovitch : douze estampes en forme d’assiettes dont le décor illustre les méandres du rapport de l’homme à l’animal. Etrange bestiaire que ces êtres aux corps animal et tête humaine, ou silhouette mondaine et tête de bête féroce... Les apparences sont trompeuse, méfions-nous de ces parures et regardons d’un peu plus près nos assiettes. On perçoit de la tendresse sous l’acide de la cruauté. L’artiste décrit la situation d’indifférenciation que nous aurions expérimentée avant l’usage de la parole. Sans pensée l’homme n’est alors qu’un animal ? Adieu morale si nous acceptons de nous vautrer dans le mythe de madame la Marquise. Tout va très bien, merci, il n’y a pas de souffrance donc pas d’acte immoral donc point de remords...
Mais nous ne vivons pas au Pays des merveilles ! Et nous ne mangeons pas le gibier en toute innocence. Il est donc temps de regarder les choses en face...

François Xavier

Claude d’Anthenaise & Françoise Pétrovitch, L’art d’accommoder le gibier, 11 illustrations couleurs, Le Promeneur, coll. "Le Cabinet des lettrés", septembre 2011, 64 p. - 15,00 €

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