Sylvie Durbec : exercice de  style

Sylvie Durbec propose un exercice de style physique et métaphysique.
Un exercice d'intelligence aussi par la contrainte de tout inscrire dans un carré à la manière d'un toc que l’on se donne marchant sur un trottoir de ne pas mettre le pied sur la ligne.

En ces cinquante et un carrés (certains sont approximatifs) tout se termine par le mot "carré" en tant que nom ou adjectif. Mais à cet ordre s'en rajoute trois autres. La présence de Peter Handkle nommé ou défini par allusion ou citation.  
La formule comme ça ainsi qu'un C majuscule là où tous les noms propres n'en contiennent pas pour dire non à la hiérarchie  et ce sans présence de démarcation ponctuative.

Tout tourne donc autour de l'écrivain autrichien. L'auteure ouvre divers commentaires à son œuvre. Mais pour que son savoir soit plus conséquent la créatrice appelle en renfort Barthés (dont on pourrait se passer),  James Sacré, Perec, Dickinson, Walser, Sebald et quelques autres.

Tout ça ne mange pas  de pain. Mais il faut prendre ce corpus pour une longue digression un peu savante même si Sylvie Durbec ramène parfois à des considérations plus vernaculaires jusqu'à nous inviter dans une caravane placée dans le jardin où elle se réfugie pour écrire et qui lui rappelle de temps premiers de son existence.

À son aune le temps présent néanmoins ne perd pas de consistance. Mais celui d'avant peut paraître dérisoire. Exit donc la nostalgie d'autant qu'il est lourd parfois des remugles de l'Histoire même si certains de  ces carrés (le Gervais des fromages frais par exemple) rendent la vie plus apaisante qu'elle ne l'est vraiment.
Le tout au moment où l'auteure continue à s'interroger sur l'usage des mots, des couleurs et des citations. Celles de Handkle sont là  pour donner l'impression de sauver ce qui peut l'être.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Sylvie Durbec, Carrés, Faï fioc éditions, mars 2021

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