Élargissement du domaine du poème : Germain Roesz

L’accès résonant dans ces coquillages que sont les mots n’est jamais donné de manière évidente.  Le pouvoir formateur d'un tel écho ne tient pas seulement au principe de Celan selon lequel tout tient dans l’exactitude du vocable. C’est certes une condition nécessaire mais pas suffisante.

La poésie est bien plus compliquée que cela et Roesz le rappelle. Le rêve d’une forme poétique juste tient à d’autres facteurs d’éveil afin de produire une langue autre à travers les lieux et les jours. Ils ne peuvent pas plus espérer  un sabir qu'un espéranto qui restituerait un langage adamique.
Loin d'une vision rationaliste de l’écriture qui par essence – lorsqu’elle est digne de ce nom – est imprenable – l’objectif est d’atteindre une forme qui ne soit pas une forme reconnue comme telle sans que cette nouvelle venue ne soit pas de trop. Bref, sortant d’une nuit sans sommeil (pour éviter tout rêve), le poème doit libérer un mémoire de formation.
Se créent alors un espace d’interprétation transitoire, une expérimentation expérience, un atelier disséminé venant secouer la force d’inertie du genre de son débordement. Un lieu s’ouvre en chaque tentative qui s’écarte d’une formule dictée par les programmes répétitifs qui ne cessent de nourrir les flux verbaux courants.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Germain Roesz, Où va la poésie ?, Vibration Éditions, Strasbourg, 2021, 150 p., 17 €

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