Centenaire Henry Bauchau : deux livres, deux expos, hommages & colloque

Né le 22 janvier 1913 à Malines, Henry Bauchau est décédé le 21 septembre 2012 à son domicile de Louveciennes, près de Paris. Poète, écrivain et dramaturge belge, il laisse une œuvre conséquente. Pour ne pas dire majeure. En grande partie inspirée d’événements traumatisants en droite ligne de l’enfance. Il plaça son œuvre sous l’aune de la déchirure intérieure. Nous donnant à lire sa tentative de reconstruction par la seule magie du verbe. Marqué par les horreurs de la guerre 1914 et l’incendie de Louvain, malgré son très jeune âge, il vécut par la suite une adolescence solitaire. Il trouva le bonheur dans les voyages. Les lectures. Et la pratique du sport à haut niveau. Parvenant à envisager un avenir il poursuivit ses études et devint avocat. 1936, inscription au barreau de Bruxelles. Durant la seconde guerre mondiale, il entrera dans la Résistance. « Terroriste » dans les Ardennes, il fut blessé le jour de la jonction avec les Alliés…

 

De 1945 à 1951 il travaille dans l’édition. Et il s’établit à Paris en 1946. Rencontre inespérée avec la psychanalyste Blanche Reverchon-Jouve. La femme de Jean Jouve. Elle l’aidera à se découvrir tout au long de terribles séances. Et sa vocation d’écrivain voit alors le jour. Une reconnaissance qui le liera aux Jouve jusqu’à leur mort…

 

En 1950 il boucle ses premiers poèmes. Edités en 1958, ils formeront Géologie, parus dans la collection Métamorphose de Jean Paulhan. Henry Bauchau part alors pour Gstaad diriger un établissement d’enseignement privé. Il y écrira sa première pièce de théâtre, Gengis Khan. Qui se mise en scène par Ariane Mnouchkine en 1961. Puis reprise au Théâtre national de Bruxelles, en 1988 par Jean-Claude Drout.

 

A partir de 1975, Henry Bauchau travaille à Paris comme psychothérapeute dans un hôpital de jour pour adolescents en difficulté. Chargé de cours à l’université de ParisVII, il rend compte des rapports de l’art et de la psychanalyse à travers son expérience personnelle. En 1981, il publie La sourde oreille ou le rêve de Freud, œuvre poétique, directement inspirée de la psychanalyse. Il s’intéresse aussi de très près au mythe d’Œdipe. Ce qui le conduit à l’interpréter à sa manière dans deux romans : Œdipe sur la route (1990) et Antigone (1997).

 

Débarqué tardivement dans le monde multiple de l’écriture, Henry Bauchau n’a pas hésité à s’attaquer à tous les genres. Mêlant la mythologie à l’Histoire. L’imaginaire au réel le plus intime. Toute son œuvre peut ainsi se lire comme une ample épopée initiatique bâtie sur deux piliers : la psychologie des profondeurs et le travail de l’inconscient.

 

Vient de paraître, un récit, Chemin sous la neige, qui fait suite à L’Enfant rieur. C’est le livre des illusions perdues, partant de la capitulation belge (1940) à la résurgence de la vocation littéraire (1954). Où l’on suit la lente métamorphose d’un homme voulant réussir par "l’action".

Un ouvrage qui occupe une place intermédiaire entre création et auto-épistémologie. Du fait de sa fatigue, Henry Bauchau l’a dicté puis retravaillé. Une écriture fluide, cursive. Point d’effets de manche mais la présence d’une grande sincérité. Un livre qui témoigne de l’exceptionnelle longévité d’un homme. Livre achevé quelques jours avant sa mort… Dernière pierre de l’édifice d’un homme ayant accepté la déchéance physique. Mais qui a fait le pari que son esprit résisterait à la sénilité. Pari gagné ! Ce livre est bien la preuve d’une réussite totale.

 

Myriam Watthee-Delmotte publie parallèlement Henry Bauchau – Sous l’éclat de la Sibylle. Un essai qui dévoile les arcanes de l’œuvre de Bauchau par le prisme d’une observatrice rompue aux sortilèges de la fiction, aux ressources de la biographie et au déchiffrement du mythe personnel de l’auteur.

Une approche plurielle qui incite à une relecture. Une manière de marier vie et œuvre. D’aborder les grands thèmes qui s’y révèlent. D’observer les composantes de la création qui tourbillonnent dans une cosmogonie fascinante qui n’est en rien cacophonie…

 

Deux expositions : "Henry Bauchau, l’épreuve du temps", au Musée Royal de Mariemont (Morlanwez) jusqu’au 24 février 2013. Et "Henry Bauchau" à la Chapelle du Méjan (Arles) du 1er au 17 mars 2013.

 

Un hommage à Henry Bauchau sera rendu lors du Salon du Livre de Paris (22/25 mars 2013) et un colloque, "Henry Bauchau, le don d’intériorité" au Palais des Académies (Bruxelles), les 21 & 22 février 2013, de 9h à 18h. Suivi par le colloque "Henry Bauchau, l’épreuve du temps", au Musée Royal de Mariemont (Morlanwez), le 23 février 2013.


Annabelle Hautecontre

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.