Centenaire Henry Bauchau : deux livres, deux expos, hommages & colloque
De 1945 à 1951 il travaille dans l’édition. Et il s’établit à Paris en 1946. Rencontre inespérée avec la psychanalyste Blanche Reverchon-Jouve. La femme de Jean Jouve. Elle l’aidera à se découvrir tout au long de terribles séances. Et sa vocation d’écrivain voit alors le jour. Une reconnaissance qui le liera aux Jouve jusqu’à leur mort…
En 1950 il boucle ses premiers poèmes. Edités en 1958, ils formeront Géologie, parus dans la collection Métamorphose de Jean Paulhan. Henry Bauchau part alors pour Gstaad diriger un établissement d’enseignement privé. Il y écrira sa première pièce de théâtre, Gengis Khan. Qui se mise en scène par Ariane Mnouchkine en 1961. Puis reprise au Théâtre national de Bruxelles, en 1988 par Jean-Claude Drout.
A partir de 1975, Henry Bauchau travaille à Paris comme psychothérapeute dans un hôpital de jour pour adolescents en difficulté. Chargé de cours à l’université de ParisVII, il rend compte des rapports de l’art et de la psychanalyse à travers son expérience personnelle. En 1981, il publie La sourde oreille ou le rêve de Freud, œuvre poétique, directement inspirée de la psychanalyse. Il s’intéresse aussi de très près au mythe d’Œdipe. Ce qui le conduit à l’interpréter à sa manière dans deux romans : Œdipe sur la route (1990) et Antigone (1997).
Débarqué tardivement dans le monde multiple de l’écriture, Henry Bauchau n’a pas hésité à s’attaquer à tous les genres. Mêlant la mythologie à l’Histoire. L’imaginaire au réel le plus intime. Toute son œuvre peut ainsi se lire comme une ample épopée initiatique bâtie sur deux piliers : la psychologie des profondeurs et le travail de l’inconscient.
Un ouvrage qui occupe une place intermédiaire entre création et auto-épistémologie. Du fait de sa fatigue, Henry Bauchau l’a dicté puis retravaillé. Une écriture fluide, cursive. Point d’effets de manche mais la présence d’une grande sincérité. Un livre qui témoigne de l’exceptionnelle longévité d’un homme. Livre achevé quelques jours avant sa mort… Dernière pierre de l’édifice d’un homme ayant accepté la déchéance physique. Mais qui a fait le pari que son esprit résisterait à la sénilité. Pari gagné ! Ce livre est bien la preuve d’une réussite totale.
Une approche plurielle qui incite à une relecture. Une manière de marier vie et œuvre. D’aborder les grands thèmes qui s’y révèlent. D’observer les composantes de la création qui tourbillonnent dans une cosmogonie fascinante qui n’est en rien cacophonie…
Deux expositions : "Henry Bauchau, l’épreuve du temps", au Musée Royal de Mariemont (Morlanwez) jusqu’au 24 février 2013. Et "Henry Bauchau" à la Chapelle du Méjan (Arles) du 1er au 17 mars 2013.
Un hommage à Henry Bauchau sera rendu lors du Salon du Livre de Paris (22/25 mars 2013) et un colloque, "Henry Bauchau, le don d’intériorité" au Palais des Académies (Bruxelles), les 21 & 22 février 2013, de 9h à 18h. Suivi par le colloque "Henry Bauchau, l’épreuve du temps", au Musée Royal de Mariemont (Morlanwez), le 23 février 2013.
Annabelle Hautecontre
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