Causeries du dimanche, une galerie de portraits du cinéma et de la littérature


Auteur d’une passionnante Chronique buissonnière des années 50 (Editions de Fallois), Philippe d’Hugues est aussi biographe de Brasillach, et surtout spécialiste du cinéma - il a exercé de hautes fonctions à la Cinémathèque française. 

Aujourd’hui, c’est le critique littéraire qui nous intéresse avec ces magnifiques Causeries du dimanche, un recueil de trente-trois chroniques littéraires que le jeune d’Hugues, dans les années 60, rédigeait le dimanche pour La Nation française de Pierre Boutang. Il y avait rejoint une phalange de ce qu’il appelle joliment des esprits contrariants tels que Pierre Andreu, Paul Sérant, le regretté Raoul Girardet, Gustave Thibon, Philippe Ariès.


D’Hugues se réclame de Sainte-Beuve, qui, malgré ses erreurs, demeure pour lui l’un des massifs du siècle XIX. Ainsi, il entend dire la vérité sur les auteurs et leurs livres, ce qui nous vaut des pages d’une grande justesse sur Morand, « prophète du futur », parti, comme il le fait bien remarquer, du technicolor pour arriver au noir et blanc, voire au muet (avec son étonnante confession Tais-toi). Mauriac et Rebatet, Gobineau et Jünger, Hölderlin et Fantomas lui inspirent des réflexions d’une profondeur, d’un non-conformisme réjouissants. Brasillach est salué avec émotion par le jeune lecteur ébloui de l’Anthologie de la poésie grecque - dont l’acquisition chez un bouquiniste constitue l’une des étapes dans la vie du lettré authentique. Nimier (qui ne reçut aucun prix littéraire), Huguenin, le cher Vandromme, ont droit chacun à un portrait plein d’amitié que l’on voudrait citer du premier au dernier mot. Se dégage l’autoportrait d’un antimoderne farouche, attiré par les desperados, révulsé par les bien-pensants et les fonctionnaires des Lettres (ceux qui dissertent sur la fonction de la littérature). Ces précieuses Causeries du dimanche sont à déguster comme cordial, à conserver comme talisman.

 

Christopher Gérard

 

Philippe d’Hugues, Causeries du dimanche, Editions Auda Isarn, 278 pages, 23 €


Lire la chronique de Jacques Aboucaya

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