Geneviève de Simone-Cornet, Mais il y a la lumière : La grâce est de rencontrer

Geneviève de Simone-Cornet est journaliste à l’hebdomadaire familial chrétien de Suisse romande Écho magazine dans lequel, outre ses articles, on peut savourer ses belles chroniques. Écrites au gré des événements, empreintes d’une poésie et d’une profondeur uniques, elles sont de véritables petits bijoux littéraires. Ceux qui ne les connaîtraient pas encore pourront les découvrir à travers un recueil qui en rassemble plusieurs, joliment intitulé Au pas des jours, que les Éditions Saint-Augustin ont eu la bonne idée de publier en 2014.

Aujourd’hui, c’est avec un récit méditatif sur l’amitié que Geneviève de Simone-Cornet nous enchante, la beauté de son style et l’universalité de son propos touchant le lecteur au cœur.

Comme les chagrins d’amour, mais sans doute plus vifs encore, il existe des chagrins d’amitié. Ils nous ébranlent tant l’on sait, au plus intime de soi, le trésor perdu lorsque l’autre, élu entre tous, décide brusquement de prendre ses distances là où auparavant l’affinité élective et la complicité que l’on avait tissées semblaient ne jamais devoir se briser.

Le lien d’amitié n’est-il pas censé durer toute la vie ? Las, l’amie avec laquelle l’auteur avait partagé tellement d’elle-même, dans une vérité et une sincérité si totales, a choisi de s’éloigner…

Geneviève de Simone-Cornet trouve asile à l’abbaye d’Orval, en Belgique. Dans la solitude et l’écoute du silence, elle revient sur cette rencontre qui tout à la fois a bouleversé et irradié son existence pour essayer de comprendre les raisons de la brouille et retisser par les mots le lien rompu.

Difficile et âpre mission : « Il m’a fallu dénouer pour tenter de renouer. Mot à mot. Démêler les fils des sentiments. Pas à pas. Travail de mémoire au puits de l’être – dans la douleur et l’incertitude du chemin. »

Soutenue dans sa retraite par ses auteurs préférés, poètes, Gilles Baudry, Lucien Noullez, Eugène Guillevic, Colette Nys-Mazure, ou écrivains, François Cheng, Jeanne Benameur, Geneviève Bergé et bien d’autres encore, ainsi que par la liturgie et les psaumes rythmant ses journées, elle relit son histoire personnelle à la lueur de la Vie avec une majuscule, transcendante, qui, malgré la tristesse, continue de bruire autour d’elle et dont elle exalte la magie et l’intensité à chaque page. Car « entre ces murs ne compte que le présent, offert en cadeau à qui sait tendre l’oreille ».

Sans plainte ni récrimination, d’une plume magnifiquement maîtrisée, résolue à demeurer sur le fil ténu des émotions, par ses mots elle entrouvre de nouveau la porte à cette amie qui s’en est allée pour peut-être – qui sait ? – mieux revenir…

« Écrire, c’est se tenir sur les hauteurs. Dans la clarté du jour et de soi », confie-t-elle dans ce récit-confession. Il est sûr qu’empruntant le chemin des crêtes, l’auteur nous guide avec bonheur vers les cimes les plus inspirées de la littérature.

Cécilia Dutter

Geneviève de Simone-Cornet, Mais il y a la lumière, préface de Gilles Baudry, Salvator, avril 2018, 126 pages, 14,50 euros

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