"On est foutus, on consomme trop", selon Frédéric Mars
Ce malfaiteur se nomme Frédéric Mars. Son livre est le récit d’une désintoxication : celle du vice-vertu des sociétés modernes, la consommation, la consommation pour la consommation, à seule fin de remplacer le cogito ergo sum du pauvre René en consumo ergo sum, qu’exaltent les publicités pour crèmes glacées et petits coupe-la-faim bourrés de sucre de maïs toxiques, pour frusques et fringues inutiles, pour bagnoles si mignonnes et autres brimborions, qui interrompent les séries policières du soir à la télé. Non, pas de pots de sauce barbecue, pas de bottines à lacets, pas de surgelés qu’on jettera dans leur emballage parce que la date de péremption est passée… C’est fou ce qu’on économise comme sacs poubelle ! Et comme argent.
Et la vie, elle est pas triste quand vous vous êtes sevré de vos « compulsions d’achat » ? Non, mais ça dépend pour qui. Il en est qui se moquent de reprendre le contrôle de leur porte-monnaie.
Mars n’est pas économiste, ou du moins ne se présente pas comme tel : on aurait aimé qu’il expliquât – tant qu’à faire, pratiquons aussi le subjonctif ! – les conséquences d’une déconsommation mondiale, vers laquelle, dans ce contexte de crise, nous nous dirigeons d’ailleurs à marche forcée. Elle mènera au déclin de l’industrie du crédit privé, qui a conduit en France au surendettement d’un million de ménages ; ce n’est pas un grand mal. Mais elle mènera aussi à l’extension du chômage : qu’on songe à l’impact sur les pays producteurs de ce qu’on peut appeler les marchandises inutiles, sur l’industrie du luxe. Cet anti-keynesianisme amusant – car tel qu’il est décrit par l’auteur, il l’est, en effet – constitue l’amorce d’une refonte totale de l’économie. Il est cependant à nos portes.
On peut s’y préparer en lisant ce livre subversif. Vite !
Gerald Messadié
Frédéric Mars, Comment j’ai arrêté de CONsommer, Éditions du Moment, mai 2012, 244 pages, 18,50 €
Lire également la critique d'Anne Bert sur cet ouvrage.
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