"Fragments (un peu roussis)", un inédit de George Steiner en forme de testament
L’objet de ces pages ressemble à l’une de ces fictions qu’affectionnait Borgès : la découverte de rouleaux roussis dans les ruines d’Herculanum, attribués par quelques spécialistes à un auteur obscur, Épicharne d’Agra. Et Steiner est lancé, élégant, érudit, mais jamais pesant et souvent poétique. Qu’est-ce que l’éclair ? La révélation de la nuit. Par quelle alchimie l’amitié éteint-elle la sexualité ? Parce qu’elle est noble. Et le Mal, est-il inscrit en nous ? Hélas. « Chante l’argent », prescrit Épicharne. Qu’est-ce à dire ? C’est un concentré de temps. Et l’on arrive au terme : le droit à la mort digne. Steiner ne se doutait pas qu’il rejoindrait sur ce point un certain François Hollande. L’heure est passée : convenez que vous ne vous êtes pas ennuyé.
Gerald Messadié
George Steiner, Fragments (un peu roussis), traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, éditions Pierre-Guillaume de Roux, mai 2012, 96 p., 13,90 €
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