Les irrécusables altérités de Véronique Bergen
Véronique Bergen pulvérise ainsi l’apparence et réduit tout cliché en miette. Il n’existe pas de poudre aux yeux mais l’approche d’une certaine violence en sa crudité. L’auteur ne cherche pas pour autant à faire de « l’instantané » : tout est recomposé pour donner aux gestes du corps et de l’esprit plus de force – car c’est un autre leurre de l’écriture que de faire croire que la prise sur le vif a valeur de fracture. Or le secret ne se laisse pas si facilement saisir. Son « point » ne se résout pas dans l’éclatement d’un instant volé sur le vif comme le fait la photographie de mode et les romans adéquats.
Traquant le mystère de l’être et ses envoûtements subis Véronique Bergen tisse ainsi une trame où « derrière l’image » apparaît quelque chose de plus intime. Ne s’y duplique pas du semblable, ne s’y offre plus un rituel de certitude programmée. C’est pourquoi, le saut littéraire que l’auteur appelle de ses vœux doit engager au pas au-delà du même pour habiter l’enfoui, l’altérité et pour entamer une percée d’un secret sans retomber toujours dans les mêmes structures littéraires et photographiques dont l’objet est des contenter d’en préserver des invariances peu reluisantes sous effets de strass.
Jean-Paul Gavard-Perret
Véronique Bergen, Le corps glorieux de la top-modèle, Editions lignes, Fécamp, 2013, 14 €
0 commentaire