Castanet commentateur ailé de Pierre Klossowski

Chez Klossowski les personnages érotiques - en premier lieu Roberte -  ne communiquent pas de manière immédiate avec le spectateur. L’espace du tableau et celui du regardeur n’est plus (comme dans la peinture religieuse classique) du même registre. Pour Klossovski la figuration est déjà une abstraction qui ne cherche pas à proposer du « même » mais une élévation au sein de l’obscène. La pornographie est au service d’un dieu. L’œuvre est donc avant tout théologale. La force impulsive de l’âme y est reprise par delà la trivialité pour confronter le regardeur à des démons qui ne sont plus ceux de l’enfer mais ce que Klossowski nomme dans une interview à Remi Zaugg « des représentations néo-platoniciennes, des natures intermédiaires entre les dieux impassibles et les hommes avides de passion ». A travers « ses » Roberte l’artiste n’a donc eu cesse de « contrefaire » un modèle invisible qu’il donne à voir en le modifiant et en le débordant. Pour atteindre le spectateur ce biais était nécessaire. Si bien que l’œuvre est devenue une démonologie. Castanet l’explicite. Il prouve que celle-ci joue d’une séduction mais uniquement « pour passer derrière notre vie et la regarder » (Klossowski,  Le Souffleur) afin de voir ce qui se passe, au sein de ses tensions.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Hervé Castanet, Pierre Klossowski, Corps théologiques et pratiques du simulacre, 432 pages, La Lettre Volée, Bruxelles, 31 €, 2014.

 

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