2016 marque le vingtième anniversaire de la mort de François Mitterrand, les éditions du Seuil y voient l’occasion de rééditer La décennie Mitterrand, ouvrage en quatre volumes, rédigé par Martin Roland et Pierre Favier (ce dernier fut chef du service politique de France Presse). Ils furent publiés entre 1990 et 1998 et bénéficièrent largement des témoignages des acteurs de l’époque.

Une source de premier ordre

Par l’ampleur de la documentation recueillie, cet ouvrage se révèle (et sera) une source de premier ordre pour les historiens. On en apprend beaucoup sur les coulisses du tournant de la rigueur de 1983, la cohabitation de 1986-1988 ou les « années Rocard » (1988-1991). C’est précieux car cette période fut, on le vérifie presque chaque jour, décisives pour notre pays. Tant sur le plan de l’unification européenne que sur celui de la conversion des socialistes à l’économie de marché, la décennie Mitterrand fut et reste décisive.

Salut l’artiste

Malgré l’ampleur des réserves qu’on peut émettre sur son bilan politique (je renvoie à l’excellente biographie de Michel Winock), le personnage de François Mitterrand continue de fasciner et cet ouvrage y contribue. À cet égard le tome 2 Les épreuves, qui décrit la cohabitation avec Jacques Chirac, est un régal. Citons par exemple un passage, en voyage avec des ministres de droite, il trouve le moyen de leur asséner : « avec les socialistes, je commençais à m’ennuyer, avec vous je rajeunis ! ». Volponien, Mitterrand tisse sa toile, séduit, manipule ces opposants avec un art consommé, celui du Prince de Machiavel.  Le tome 4, Déchirements, permettra aussi de voir la complexité du personnage confronté à la maladie et  aux révélations sur son passé vichyste.

À lire pour se rappeler… et aussi s’amuser.

Sylvain Bonnet

Pierre Favier & Michel Martin-Roland, La décennie Mitterrand, Point seuil, janvier 2016

Tome 1: Les ruptures, 720 pages, 8,95€

Tome 2 : Les épreuves, 984 pages, 9,60 €

Tome 3 : Défis, 696 pages, 8,80€

Tome 4 : Déchirements, pages, 8,95€