Ponce Pilate, une énigme résolue?

Historien italien, Aldo Schiavone a été directeur de l'Institut italien de Sciences humaines, où il a enseigné le droit romain. Les amateurs d’histoire antique le connaissent pour L’invention du droit en Occident et L’histoire brisée : la Rome antique et l’Occident, deux ouvrages remarquables par leur érudition. Il se penche ici sur la figure de Ponce Pilate, le préfet de Judée passé à la postérité pour avoir jugé Jésus…ou serait-ce plutôt pour avoir refusé de le juger ?

 

A la recherche d’un inconnu nommé Pilate

 

Le grand public ne connait Pilate que par les évangiles. Certains le prennent pour un mythe, oubliant qu’il apparait chez Tacite, Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe et qu’une inscription épigraphique le mentionnant a été retrouvé en Israël dans les années 60. Pilate appartenait à l’ordre équestre et a certainement accompli une carrière militaire où Tibère l’a peut-être remarqué durant une de ses campagnes menées sous Auguste. Il est nommé Préfet de Judée, province romaine depuis peu. Pilate en bon romain ne comprend rien aux juifs et à leur religion : il s’efforce de gagner, par un mélange de ruse et de force, l’appui de l’aristocratie locale.

 

Une confrontation inédite

 

Le récit des évangiles est, selon Schiavone, globalement authentique. Pilate, lors de l’interrogatoire, est désarçonné par Jésus et ses réponses. Il est sceptique devant les accusations des prêtres juifs et tente de sauver  Jésus. On peut regretter dans le récit offert par Schiavone qu’il ne prenne pas assez en compte le fait que les rédacteurs des évangiles ne veulent pas accabler l’autorité romaine dont ils recherchent la mansuétude (certains intervenants du documentaire Jésus après Jésus de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur insistaient là-dessus). Reste qu’il a raison d’identifier à travers la cette confrontation entre le messie et le représentant de César la naissance de la dialectique religieux /politique. Là est né un dualisme qui n’a cessé d’enrichir l’Occident. On recommande donc cet ouvrage chaudement.

 

Sylvain Bonnet

 

Aldo Schiavone, Ponce Pilate, traduit de l’italien par Marilène Raiola, Fayard, octobre 2016, 248 pages, 19 €

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