Cambronne, le mythe du héros

A la recherche de l’homme derrière le mythe

 

De Stéphane Calvet, chercheur en Histoire militaire, on a lu un Leipzig, la guerre des peuples, paru en 2013 déjà aux éditions Vendémiaire et divers articles ici et là au gré des actes des colloques et des conférences qu’il a données. Il décide de consacrer un essai biographique à Cambronne, grande figure de la mythologie napoléonienne, soi-disant (mais en même temps plausible) auteur d’une réplique fameuse aux anglais lors des dernières heures de la bataille de Waterloo. Tout le monde (ou presque) connait Cambronne mais qui était-il au juste ?

 

Des origines à la Révolution

 

Stéphane Calvet commence par nous peindre le portrait d’une famille (on aurait dit autrefois un lignage) d’origine picarde venue s’installer dans ce grand port du 18ième siècle qu’est Nantes, plaque tournante du commerce triangulaire. Le jeune Cambronne naît dans une famille plutôt aisée, accomplit des études médiocres et s’engage dès les débuts de la Révolution dans le camp des jacobins, au point qu’il s’enrôlera au final dans l’armée, participera à la bataille de Jemmapes, puis aux combats contre les vendéens révoltés. De Cambronne, on peut dire alors qu’il est un pur jacobin, brutal et colérique, enclin cependant aux gestes de clémence (mais moins qu’on ne l’a dit) envers ses adversaires. On a affaire en tout cas à un homme qui choisit sans hésiter le métier des armes, un sympathisant révolutionnaire devenu soldat de métier.

 

Guerrier de Napoléon

 

Cambronne n’a fait ni la campagne d’Italie, ni celle d’Egypte. Membre de l’armée du Rhin (et donc rattaché au général Moreau), il embrasse cependant sans hésiter la cause de Bonaparte, premier consul et ensuite Empereur. Dépourvu de talents tactiques (ce point est démontré par Calvet, d’après les sources), il se révèle cependant un formidable entraîneur d’hommes, fidèle à un empereur qui favorise au final son ascension impériale : légion d’honneur, gratifications, titre de baron etc…Affecté en Espagne, Cambronne ronge son frein et ne va pas en Russie. Prototype du guerrier napoléonien, il se couvre de gloire en 1813 en Allemagne, en 1814 en France, puis à Waterloo…

 

La légende

 

Qu’a-t-il dit en Belgique ? S'il n'a pas prononcé le fameux "la garde meurt mais ne se rend pas, il a probablement un « merde » retentissant (à côté de d'autres insultes), autant contre les britanniques que contre les soldats de la Garde, son corps d’élite, pris de panique devant l’ennemi et fuyant devant la défaite. Grâce à ses relations et au contexte dans lequel se tient son procès (après la condamnation de Ney, on cherche moins à faire un exemple), Cambronne sauvera sa tête et finira sa vie dans son lit (malgré ses blessures) tout en restant un mythe, à son corps défendant car il s’était rallié aux Bourbons…Voici un bien bel ouvrage qui mérite qu’on le lise, si tant est qu’on soit passionné de cette époque.

 

Sylvain Bonnet

 

Stéphane Calvet, Cambronne la légende de Waterloo, Vendémiaire, août 2016, 285 pages, 21 €

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