Chercheur renommé, Gilles Kepel s’est construit en 25 ans une stature éditoriale. Avec des ouvrages comme Banlieues de l’Islam, djihad, Fitna ou 93, il est devenu un des experts de l’Islam en France (avec Jean-Pierre Filiu ou Olivier Roy, fins « islamologues », comme d’autres étaient soviétologues…). Chacun de ses ouvrages est analysé, disséqué par les milieux intellectuels ainsi que par les journalistes.. Voici ses chroniques radios rassemblées par Gallimard dans La fracture, en partenariat avec France Culture, où Kepel analyse et dissèque les évènements, comme l’attentat de Nice en juillet dernier. Alors lecteur, es-tu prêt à les lire ?

Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?

Et quelles vérités ? Notre intellectuel se positionne sur les faits. Pour lui, les attentats commis en France depuis janvier 2015 visent à créer un climat de guerre civile entre les français, c’est-à-dire entre les musulmans et les autres. Malgré les crimes commis, Gilles Kepel n’a aucune mal à montrer combien le peuple français refuse les violences et les stigmatisations (il est par contre inquiet, angoissé et prompt au vote contestataire). Il attaque par contre avec force le camp des « islamo-gauchistes »  qui, au nom de leur refus de l’amalgame entre terroristes et musulmans, refusent d’analyser les évènements et se réfugient dans une rhétorique chargeant l’Occident (notion « mythique », disons-le immédiatement) de crimes impardonnables justifiant la révolte des pays du tiers monde et surtout du Moyen-Orient»… Ce faisant, ils refusent de voir le débat interne à l’Islam entre les « littéralistes » (c’est-à-dire les salafistes) et les « éclairés » (au passage, signalons que Malek Chebel vient de mourir…).

Voici un livre susceptible de nourrir un débat qui ne manquera pas de rebondir…Une chose est sûre : on ne ressort pas de La Fracture rassuré…

Sylvain Bonnet

Gilles Kepel, La fracture, Gallimard, novembre 2016, 288 pages, 19 €