Si la démocratie fait faillite, une hypothèse plausible

Un intellectuel italien

 

Né en 1944, Raffaele Simone est un linguiste qui a été traduit en France pour la première fois en 2010 avec un ouvrage qui a fait date, le monstre doux : L’occident vire-t-il à droite ? (Gallimard, 2010). Le voici de retour avec Si la démocratie fait faillite, un essai percutant et iconoclaste, comme on va le voir maintenant…

 

Les fragilités intrinsèques de la démocratie

 

Simone commence d’abord par identifier les « fictions » fondatrices de la démocratie, comme la délégation de souveraineté opérée par le peuple envers ses représentants élus, inévitable pour installer un régime démocratique à l’échelle d’un pays (on ne peut rassembler des milliers d’électeurs sur une agora). Il mentionne ensuite la difficulté à désigner de bons représentants, car la profession politique attire des gens d’horizon très divers (l’auteur est marqué par l’histoire récente de son pays…), la tentation de certains élus et milieux à s’affranchir de la loi commune… Tous ces problèmes sont connus, analysés par d’autres, rien donc de bien nouveau. Mais le meilleur arrive.

 

Les risques de l’avenir

 

La montée de l’abstention est un signe de la crise des démocraties occidentales (Simone distingue bien l’Europe occidentale des États-Unis sans trop dire pourquoi), marquée par des tendances oligarchiques de plus en plus accentuées (c’est le moins que l’on puisse dire) par la financiarisation du capitalisme. Le peuple croit de moins en moins dans les institutions (le cas de l’Italie étant extrême) et laisse une minorité votée : Simone appelle cela une « démocratie à basse intensité ». De plus, le peuple n’adhère selon lui plus à certaines valeurs, comme « l’inclusion illimitée », c’est-à-dire l’idée qu’on peut accueillir une immigration importante dans les pays européens en plein déclin démographique.

 

Tout cela se discute. Cependant, l’actualité récente, marquée par la décision allemande d’accepter unilatéralement un million de réfugiés de toutes origines, sans tenir compte de l’avis de ses partenaires européens et sans réfléchir sur les moyens de les intégrer (même Emmanuel Todd s’est inquiété de la légèreté allemande), afin de fournir au patronat une main d’œuvre peu chère, donne du poids à certaines craintes exprimées par Raffaele Simone dans son essai.

 

Une Italie à la dérive

 

De plus, Raffaele Simone, dans une annexe fournie, revient sur le cas de son pays natal et en dresse un diagnostic inquiétant. Pour lui, le pays est en pleine dérive depuis les années 80, la population subissant un déclin moral sous l’influence de médias débilitants et sous la direction d’une classe politique médiocre en proie à une corruption endémique. Le tableau est sinistre… Rien de très nouveau en somme mais un essai percutant et polémique, qui pousse à la réflexion.

 

Sylvain Bonnet

 

Raffaele Simone, Si la démocratie fait faillite, traduit de l’italien par Gérald Larché, Gallimard « le débat »,  novembre 2016, pages, 22,50 €

Sur le même thème

1 commentaire

ouais, ouais...c'est bien gentil, ce livre , avec son gros titre manifestement destiné à faire peur..., mais  où est la réponse? Si la démocratie fait faillite, on fait quoi?? on se barre, comme les syriens? on prend les armes et on explose tous les extrémistes?