La villa des mystères à Pompéi, une nouvelle interprétation
Paul Veyne, le curieux
Historien très connu, auteur d’un ouvrage qui a révolutionné à l’époque la vision de la société romaine (Le pain et le cirque), Paul Veyne a récemment publié ses mémoires, Et dans l’éternité je ne m’ennui
erai pas, où il retraçait sa vie et évoquait ses amis, notamment Michel Foucault. En 2015, il a publié Palmyre, l’irremplaçable trésor chez Albin Michel : au moment où les djihadistes de Daesh faisaient sauter les temples, Veyne dressait un portrait amoureux de la ville et de sa richesse culturelle, non sans commettre des erreurs ou des contre-sens historiques (cf le Palmyre de Maurice et Annie Sartre). Les éditions Gallimard republient ici un texte de 1998, retravaillé par le grand historien qui nous livre son interprétation de la fresque de la villa des mystères à Pompéi.
La fresque du plaisir conjugal
Paul Veyne s’inscrit à contre-courant de l’opinion traditionnelle de l’historiographie, qui y voit la représentation d’une initiation aux mystères de Bacchus. Pour lui, il s’agit de la description d’un mariage, nuit de noces comprise, sous les auspices de Bacchus/Dionysos. Nombre des arguments développés par Veyne convainquent un lecteur plutôt réticent, surtout quand il rapproche la fresque de Pompéi d’une autre, les noces Aldobrandines, où on sent bien l’inspiration commune. Tout cela donne envie effectivement de retourner à Pompéi et de se confronter à ce chef d’œuvre de l’art antique. Car les chemins de traverse de l’Histoire nous ramènent toujours vers le monde romain, matrice de notre civilisation. A lire.
Sylvain Bonnet
Paul Veyne, La villa des mystères à Pompéi, Gallimard collection « Art et Artistes », octobre 2016, 192 pages, 21 €
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