Jef, Romain, Arthur et les autres, Chroniques littéraires
Avec Le Tour du malheur, son ouvrage majeur, Joseph Kessel exalte l’amitié en imaginant le personnage principal Richard Dalleau ; dans Les Cavaliers, considéré comme son chef d’œuvre littéraire, il entraîne le lecteur au fin fond de l’Afghanistan pour des aventures légendaires…. La Piste fauve, L’Armée des ombres, le roman symbole de la résistance, Nuits de princes, Le Lion, La Vallée des rubis : les œuvres majeures de Kessel, "Jef" pour ses amis, sont là, résumées, si vibrantes si vivantes, prêtes à être lues et relues.
De la même façon les romans de Romain Gary : Chien blanc, Les Racines du ciel ; de Koestler : Le Zéro et l’infini, La Treizième tribu trouvent leur place dans le Panthéon personnel de l’auteur comme encore Melville, Stevenson, Blondin, Fallet, Queneau, Calvino, Eri de Luca…Tous ont en commun l’amour de la liberté et de l’aventure, du don de soi et de l’honneur, tous sont d’immenses écrivains parfois un peu oubliés comme louis Calaferte ou Adolfo Bioy Casares mais font revivre des réminiscences de lectures d’adolescence.
L’auteur du livre a bien connu Joseph Kessel. Alors adolescent, fasciné par Les cavaliers, il avait envoyé à l’académicien trois cahiers dans lesquels il avait analysé ses livres dans le but de le rencontrer. Le Lion alors âgé de 71 ans avait répondu au garçon de seize ans, doté d’un certain culot et jusqu’à sa mort, dix ans plus tard l’avait emmené dans ses balades à travers le monde ou dans Paris. Le jeune homme l’avait accompagné chez les bouquinistes ou chez ses amis. A moins de vingt ans, il rencontrait, peu conscient de sa chance inouïe lors de dîners chez Louis Nucera, Jean Ferrat, Marc Chagall, Georges Brassens, Léo Ferré, Antoine Blondin, Jean Gabin, Lino Ventura, Barbara qui se mettait parfois au piano…
Kessel lui offrit pour ses 17 ans un voyage à New York, avec l’accord des ses parents, le rejoignit deux mois à Lima alors que le garçon effectuait seul un périple en Amérique du Sud un peu plus tard.
Le libraire ne tarit pas d’éloges sur son ami qui, il y tient ne fut pas un père de substitution – il en avait un, bien présent qui lui conseillait de ne pas "embêter ce monsieur" –, avant de le rencontrer.
Il fut un mentor peut-être, mais surtout un copain malgré leurs cinquante ans de différence, qu’il charmait et épuisait par son bagout. Lors de leur départ pour New-York le maître lui avait notamment demandé : "s’il avait l’intention de parler pendant les sept heures de vol".
Toujours prolixe, Hubert Bouccara peut parler des heures durant de ses déambulations dans Paris ainsi qu’en témoigne François Heilbronn dans sa belle préface : "il vous raconte cette amitié autour des vraies valeurs : le courage, les copains, le vaste monde, la lutte des peuples pour leur dignité, les combats d’Israël, ces derniers si chers à Jef".
Joseph Kessel, en effet, envoyé spécial de "France-Soir" chargé de témoigner de la naissance d'Israël, en mai 1948 obtint le visa d'entrée n°1 du nouvel Etat, quatre jours après sa création par David Ben Gourion.
Pour ces passionnés, Hubert Bouccara, François Heilbronn, Dominique Pietri qui signe un avant-propos, ce recueil de textes "qui nous emmène pour notre plus grand plaisir dans son jardin de Roses, celles de la liberté, du courage, des héros, et de la force éternelle de leurs mots" est peut être le premier pas sur le chemin qui mène à une future édition de l’œuvre de Kessel dans l’édition de la Pléiade.
Brigit Bontour
Hubert Bouccara, Jef, Romain, Arthur et les autres,
Chroniques littéraires, préface François Heilbronn, avant-propos Dominique Pietri, La Rose de Java, 2016, 2016, pages, 25 euros.
On retrouvera la librairie La Rose de Java, libraire-éditeur à l'ancienne, et grand spécialiste de Kessel, ci-dessous :
11, rue Campagne Première
75014, Paris, France
Téléphone : 01 43 20 55 30
Téléphone : 09 50 31 57 00
E-mail : larosedejava@gmail.com
http://www.la-rose-de-java.fr
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