Denis Roche : collages et montages

Certains des "essais" présentés ici sont des rééditions mais cela n'enlève rien – au contraire – à l'importance d'un tel ensemble. Ce Temps profonds fait donc une suite au Temps arrêté que l'auteur pratiquait dans son travail de photographie.
Ce dernier aspect de l'œuvre a tendance à occulter les écrits de celui qui fut un théoricien de cet art mais pas seulement. Se découvre par exemple la puissance érotique de l'écriture de Roche. Elle se rapproche toujours de ses émois amoureux – ou les approfondit – par différentes pratiques littéraires et plastiques (du Tintoret à Matisse) mais aussi musicales (Varese).
Divers temps ne cessent donc de se mêler dans ces textes. Comme les images de l'auteur ils mêlent l'intime au général, le dedans au dehors. Jean-Marie Gleize dans sa biographie – un peu hagiographique (Denis Roche, Eloge de la véhémence publié dans la même collection ) le rappelle.
Cette compilation prouve que l'auteur de Louve Basse reste un des grands auteurs de l'avant-garde (on osera ce mot même s'il est désormais mal vu) par ses montages et démontages. Les premières dates des années Tel Quel au moment où l'auteur jouait déjà avec la frontière des genres.
De telles déconstructions demeurent essentielles à qui réfléchit sur les arts et la littérature ou les pratique. Elles permettent aussi de comprendre ce que faire (l'amour, l'image, les mots) engage.
Jean-Paul Gavard-Perret
Denis Roche, Temps profonds, essais de littéraire arrêtée, 1977-1984, coll. 'Fiction & Cie", Seuil, octobre, 2019, 400 p., 24 €
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