Quand Pauline Harmange dérange

L’essai de Pauline Harmange, Moi les hommes, je les déteste, serait susceptible de poursuites pénales selon Ralph Zurmély chargé de mission au ministère délégué à l’égalité femmes-hommes.
Et il menace les éditeurs de saisir la justice si l’ouvrage n’est pas retiré de la vente.

Pour autant les femmes ont de bonnes raisons de détester les hommes. Et Ralph Zuméry encore plus... Mais il se trompe : d'une part, la colère à l’égard des hommes est juste mais, en plus et ici, ce nécessaire coup de sang est un chemin joyeux et émancipateur.

Pauline Harmange en quelques pages – son essai est vif et court – défend la misandrie comme une manière de faire place à la sororité et à des relations bienveillantes et exigeantes. Et l'on comprend mal cette réaction ministérielle (ou presque).

Le féminisme est par essence iconoclaste ou n'est rien. Pour sortir de l'état de bêtes de sommes – et ce depuis toujours – la détestation est un bon moyen – et pour une fois à une majorité – de fédérer des revendications qui n'ont rien de tribales mais répondent d'un humanisme qui respecte tous ses membres...
Et l'auteur de le préciser sur son blog, Un invincible été : "Je veux dire dans mon livre que nos raisons de nous méfier de, voire de détester, les hommes, sont nombreuses, légitimes, et surtout pas enfermantes. On veut nous faire croire que détester les hommes ne peut mener qu’à notre isolement et à notre assèchement, en tant que femmes au sein de la société. Je veux parler de tout ce qui peut fleurir quand on laisse les hommes de côté".

Pour l'illustrer l'auteur de rappeler que les mecs pissent allègrement contre les murs, qu'ils prennent dans la vie des femmes beaucoup de place dont elles ne sont pas particulièrement satisfaite. Si bien que quoiqu'on pense l'harmonie bien comprise commence par la nécessaire misandrie. Et un tel livre non seulement est bien pour les femmes mais pour les hommes tout autant. Il permet d'"apprendre quelques petites choses que, peut-être, les femmes de votre vie n’ont pas l’énergie de vous expliquer".
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Pauline Harmange, Moi les hommes, je les déteste, coll. Bootleg,  éditions Monstrograph, août 2020, 96 p.-, 12 €

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