Marc Jean : du forgeron au concessionnaire automobile

J’aime ce genre d’ouvrage où l’épopée individuelle peu banale de quelque personnage de caractère, réel en tout cas et plus ou moins haut en couleur, le dispute à un palier de l’Histoire en train de se faire ; nous le fait, page à page et, en le cas, innombrables photos d'époque à l'appui, pour ainsi dire vivre comme en direct et au quotidien, in situ depuis quelque lieu situé en province ; non pas donc à l’ombre de la tour Eiffel et de tout ce qui en découle et en découlera, plus tard, de froidement officiel : la petite histoire y écrivant au jour le jour tout simplement la grande, mine de rien.
Il s’agit ici du passage et de la disparition progressive, si je puis écrire, du cheval, compagnon immémorial, sous le capot des voitures.
En effet, notre héros, homme remarquable et pertinemment de son temps, plus que d’autres de toute évidence, surfe alors, comme on dit aujourd’hui, sur la vague de ce combo à partir duquel le monde se reconvertit et s'engage chaque jour un peu plus dans la modernité, entérinant du coup l’avènement d’une tout autre civilisation : celle-là même, éphémère, aujourd’hui déjà en train de prendre pleine conscience de ses failles et d'atteindre à ses propres limites dans le chaos planétaire que nous connaissons.
La roue tourne, toujours et jamais la même cependant, non plus forcément à la même vitesse, ni dans le même sens !
Modeste, l’auteur ne se veut, certes, que le scribe de cette chronique passionnante, mais cela, n’empêche, non sans un réel et savoureux talent d’écrivain.

André Lombard

Marc Jean, Du forgeron au concessionnaire automobile 1912-1970, L'édition à façon, décembre 2019, 95 p.-, 18€
ou chez l'auteur : Marc Jean, 770, chemin des prés de Fougères, 04300 Forcalquier

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