Guillaume Belhomme à l'écoute de Morton Feldman

Ce livre propose cinquante méditations For Bunita Marcus, œuvre pour piano seul de Morton Feldman maître de la musique minimaliste. Se retrouve dans cette pièce de la désillusion ce que l'artiste avait aussi composé à partir des textes de Beckett.
Guillaume Belhomme, écrivain et musicien, créateur des éditions Lenka lente, spécialiste de jazz et de pop music met en évidence ici la couleur (grise), l'essence et la quintessence de l'œuvre de Feldman.
Celui-ci ne joue pas avec ce qui est pourtant la matière de la musique : à savoir le temps. Il l'oublie, l'égare afin d'inventer par la structure de ses compositions  les impressions et sentiments bien différentes de ce qu'elle générait jusque là. Le temps redevient blanc et vierge et comme sans appui.
Jamais la musique n'a été autant le plus abstrait des arts (Schopenhauer)  pour agir sur l'esprit et sur l'âme. Tout reste comme l'auteur le souligne en suspens. Les répétitions remplacent lles progressions moins – comme chez Bach – pour consoler l'auditeur que pour interroger au plus profond la mémoire.
Les dynamiques faibles dont parle Belhomme sortent de tout effet d'effets, là où sont éliminées les idées de croissance, développement ou pulsion. Place est faite pour un autre monde par une autre écoute. Il s'agit de s'y perdre pour mieux se retrouver.

Jean-Paul Gavard-Perret

Guillaume Belhomme, Morton Feldman, For Bunita Marcus, coll. Strette, Les éditions chemin de ronde, mai 2023, 62 p.-, 12€

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