"Viens avec moi" ou l'ogre du Vermont

Au fin fond du Vermont, l'Amérique rurale s'il en est, entre paysages sauvages et friches industrielles, et la présence comme au fond d'un bois sombre de la créature maléfique dont la présence néfaste impose un climat de peur primaire. L'ogre, c'est Blackway, qui vit au fond d'un camp de bûcherons abandonné. Tout commence avec Lilian, qu'il persécute, et comme elle refuse de fuir la région et que le shérif lui-même ne veut pas intervenir, il ne lui reste qu'une solution : trouver de l'aide et affronter ce démon. 

D'un écriture très compacte, qui met l'accent sur les descriptions de paysages et les dialogues fait de beaucoup de non-dits, oscillant entre l'oppression et l'humour (notamment par la présence de quelques vieillards désopilant et de deux benêts...), Viens avec moi est l'épopée grotesque d'une troupe improbable partie combattre le Mal, avec fort peu d'espoir mais une forte détermination. Il y a quelque chose des romans de chevalerie dans cette folle quête, avec des archétypes de personnages (la princesse, les chevalier, le dragon, les vieux sages...) qui les rend universels et attachants.

Et si la philosophie de la vie pouvait être mieux comprise par quelques vieux assis ensemble dans une usine de chaises désaffectée à siroter des bières et à attendre que la journée se passe, comme tel coryphée  antique ? Aussi court soit-il, Viens avec moi marquera par sa présence et son épaisseur.  

Loïc Di Stefano

Castle Freeman Jr., Viens avec moi, traduit de l'anglais (USA) par Fabrice Pointeau, Sonatine, janvier 2016, 186 pages, 17 eur

PS : Viens avec moi est adapté au cinéma avec Ray Liotta et Antony Hopkins
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