Joë Bousquet ou l'aversion Mallarmé

Il existe un mur infranchissable entre les mondes et les poétiques de Mallarmé et Bousquet même si chacun à leur manière côtoie des sommets. Mais le second est sans pitié pour le premier réduit à ce poète aux oreilles pointues, un faune, c’est-à-dire pour moi un homme dégénéré (qui) a bien mérité de l’esprit.
Mais l'auteur ne s'arrête pas en si bon chemin : Il a, riche de toutes les ressources créatrices, touché le fond du non espoir. L’homme sans humanité, sans amour n’est même pas inhumain, et de réduire l'auteur du hasard et du coup de dés au rang d'écrivain pour universitaires.
L'impitoyable Bousquet voit en lui le Narcisse parfait. Bref, il ne peut s'empêcher de le dézinguer même si par de soudaines touffeurs il lui arrive de noter qu'il est impossible de négliger l'œuvre du Faune des environs de la gare Saint Lazare.
Retraçant à sa main le parcours littéraire de Mallarmé, Bousquet tranche dans le vif, déconstruit sa conception de la poésie et de la fiction et son peu d'intérêt pour la condition humaine. C'est ouvertement cruel mais nous ne pouvons que nous délecter d'une telle lutte de titan. Il convient d'applaudir l'exploit de l'essayiste tout en renonçant en rien à saluer le mérite de celui qui lui sert, ici, autant de punching-ball que sparring-partner.
Jean-Paul Gavard-Perret
Joë Bousquet, Mallarmé le sorcier, préface de Jean Frémon, portraits de Joë Bousquet par Pierre Cabanne, Fata Morgana, novembre 2021, 56 p.-, 13 €
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