Les paroles en suspens d'Héraclite

Avec Parménide, Héraclite est l’autre grande figure des premiers temps de la philosophie. Les deux adoptent des positions philosophiques radicalement opposées. L’intuition fondamentale d’Héraclite est celle du mouvement sans cesse renouvelé, du devenir universel. Pour lui, rien ne demeure ce qu’il est à l’identique mais passe en son contraire.
L’ordre du monde – qu’il appelle logos – est le produit d’un équilibre instable entre les éléments, d’un combat permanent symbolisé par le feu (principe fondamental de l’univers) et l'eau. Cette conflictualité, cette identité des contraires infusent l'œuvre de celui qui fut surnommé L’Obscur.

Il est considéré par ses contemporains comme un misanthrope sombre et hautain. Mais son écriture l'est tout autant et se condense dans les Fragments qui nous restent. Ils sont porteurs d’une pensée dont le sens est loin d’être toujours explicite.
Héraclite écrit en  phrases sèches et sentencieuses. Elles laissent une large place à l’interprétation. Comme la plus célèbre ; "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" qui souligne le changement perpétuel, pour tous les hommes qui restent finalement le jouet d'un temps qui se moque de leur devenir ou de leur obsolescence.

Jean-Paul Gavard-Perret

Héraclite, Fragments, édition bilingue, traduction et commentaire de Roger Munier, illustrations d’Abidine, coll. Les immémoriaux, Fata Morgana, octobre 2021, 120 p.-, 19 €

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