Esthétiques de l'amour - Sibérie extrême-orientale

Issues du département Asie du musée de l'homme, les vêtements, parures, objets rituels, présentés dans ce catalogue d’exposition proviennent des abords du fleuve Amour. Chasseurs et pêcheurs, les habitants de ces contrées, parlant des langues variées dépendent totalement de la forêt et ont une conscience aïgue de la mort qui peut arriver de façon fulgurante dans ce milieu aussi hostile que nourricier.

Dans cette région peu peuplée aux confins de la Chine et de la Russie, la relation aux forces surnaturelles s’exprime par par une conception animiste du monde. L’homme peut discerner dans un tronc de bois mal dégrossi, la présence d un esprit d ours. Les habitants composent de différentes manières avec l’occulte : le saumon donnant sa vie aux pêcheurs est considéré comme sacré. La fabrication des vêtements en peau de poisson ou d animaux entrent dans ce système de pensée un peu magique. Les robes ou manteaux de fête en écailles du peuple Aïnou, fins comme de la soie, travaillés comme des pièces de haute couture ont une grande portée symbolique et n 'ont d autre but que de plaire aux forces spirituelles. Cette volonté d honorer et de respecter la nature et ses esprits se retrouve jusque dans les Pongsa Kine, ces incroyables jouets de bébés en arêtes, nageoires et vertèbres de poissons, assemblées en forme de papillons. Étui à aiguilles en cuir et bois, bottes en peau de saumon, tambour de chamane en bois et peau de poisson, support d esprit esturgeon de l’Amour en bois. Tous ces objets au raffinement inouï qui semblent venus du fond des âges invoquent le grand mystère de l homme et de son environnement entre ethnologie, esthétique et géopolitique.


Brigit Bontour



Esthétiques de l’amourFlammarion, 192 pages, 35 euros



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