Alain Corbin, Histoire buissonnière de la pluie : Que d'eau ! que d'eau !

Un historien qui sort des sentiers battus

Né en 1936, Alain Corbin a été professeur à l’université de Tours, puis à Panthéon Sorbonne. Il a développé des approches originales, basée sur l’anthropologie, les mentalités et la psychologie sociale, qui ont fait de lui un pionnier de l’histoire des sensibilités. Il a par exemple travaillé sur la prostitution (Les filles de noce, 1978), le paysage sonore des campagnes françaises au XIXe siècle (Les cloches de la Terre, Flammarion, 1994) et surtout Le miasme et la jonquille (Flammarion, 1982), véritable histoire de l’odorat et de sa perception par les élites et le peuple. Histoire buissonnière de la pluie est la reprise d’une contribution de Corbin à La pluie, le soleil et le vent (Flammarion, 2013), un ouvrage collectif passé relativement inaperçu.

Grâce à la pluie on en apprend beaucoup sur nous

La pluie rend mélancolique et en même est porteuse de vie. De ce paradoxe découle une partie de l’analyse d’Alain Corbin. Le phénomène de la pluie est toujours double, porteur de vie et de mort. Sa perception varie selon les époques. Victor Hugo en garde un souvenir énamouré car c’est sous la pluie que lui et Juliette Drouet se sont aimés pour la première fois, Maupassant en tire quant à lui des pages très mélancoliques. Les curés de campagne menaçaient leurs ouailles de pluies diluviennes s’il s’écartait des commandements de l’évangile, (le Déluge) et aujourd’hui, le chaland est obsédé par la météo. Ce charmant petit livre offre un portrait assez saisissant de cette histoire de la pluie.

Sylvain Bonnet

Alain Corbin, Histoire buissonnière de la pluie, Flammarion collection « champs », mai 2017, 112 pages, 5 €

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