L’enfant-mouche de Philippe Pollet-Villard : hymne à la survie

Aura suffi d’un rien. Une morsure. Un instant d’inattention en portant secours. Et Anne-Angèle bascule. Sa vie bascule. Pas immédiatement. Le virus sera lent à se déclarer. D’autant que l’impondérable s’est aussi travesti dans d’autres habits. Le destin lui donne une fille. Sa nièce. Une orpheline dont sa sœur faisait le projet d’adopter. Le décès brutal de sa sœur la rappelle sur le continent. Elle laisse derrière elle le Maroc. Ira s’isoler dans un petit village de province. Fuir. L’opprobre. La maladie. La peur intérieure…

Nous sommes en 1944 et le quotidien n’est pas rose tous les jours. La Champagne ne possède pas le soleil marocain, il pleut souvent. Les gens sont durs. On la regarde de travers comme la fille-mère qu’elle semble être. Marie devra grandir toute seule, sa mère s’enfonçant de plus en plus dans la maladie. Son projet d’infirmerie est bancal. Peu de patients et qui ferait confiance à une infirmière qui n’a pas toute sa tête ?
La faim s’invite. Les jours sont gris même quand il fait beau.

On sent le biopic. Il y a une sensibilité exacerbée qui filtre. Il faut dire que Philippe Pollet-Villard nous raconte un peu sa vie. Celle de sa mère. Enfant grandi trop vite. Sans repères. En quête d’universel mais enfermé dans la logique de guerre. Peut-on tout faire pour assouvir sa faim ? De nourriture terrestre mais aussi d’affection ?

Panorama des défis impossibles, des alliances dénaturées, ce roman libère la parole. L’homme est manichéen ? Sans doute. Ou pas. Il est d’abord programmé pour survivre.
Et qu’importe le prix.

 

Annabelle Hautecontre

 

Philippe Pollet-Villard, L’enfant-mouche, Flammarion, août 2017, 420 p. – 21€

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