Jacques Chambaz : ce qui paraît s'éluder

Le manque, ce et ceux qui restent habitent comme toujours dans les livres de Chambaz. Ici à travers et entre autres l'exploration de la locution adverbiale etc.
Faisant suite à Été et Été 2 (aux titres volontairement ambigus) ce livre rassemble cinq séquences autonomes. Elle se font écho et déclinent leurs variations, dans la lumière mélancolique d'un seul automne.  
S'y joint "en rimes pauvres mais justes" ce qui se disjoint dans l'existence.

La méditation lexicale innerve l'ensemble. L'auteur y perçoit la lente dissolution de son été : de la mort de  son fils, de celle de Verlaine à celle de Mathieu Bénézet l'ami de l'auteur. Avec aussi un retour aux sources américaines, un éloge de Robert Desnos, un nouveau tombeau aux sonnets déconstruits, ironiquement intitulé "Du Bellay Du Balai".
Le livre – apparemment de l'altérité – déroule ses strophes scandées avec liberté et  inquiétude. Cette  dernière devient au fil du temps sinon effacée du moins quelque peu surmontée. D'où ces poèmes à la tonalité particulière mais où l'intellect reste bien vivant dans une danse des mots que ne renierait pas Ezra Pound et E. E. Cummings.

Ils effacent les ombres du moins partiellement. Du chaos aux échos, il y a là le signalement du retournement opéré, à travers le langage, dans la conscience de celui qui parle dans un automne traversier et un noyau de solitude élémentaire dans cette tentative impossible de lutter contre la mort par la conversation avec les disparus et que le "Etc.". La locution dans son abrègement souligne dans un 'trou" inépuisable.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Bernard Chambaz, Etc., Flammarion,  octobre 2016, 224 p.-, 18 euros

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