Confession d'une cleptomane

Valentine de Lestrange, malgré son allure chic et son mode de vie très bourgeois a toujours eu un faible pour les atypiques, les derniers de la classe, la transgression. Ce goût remonte à son enfance, le jour où avec son cousin, elle a volé son premier malabar. Si le grand-père, hors de lui avait sévi, sa grand-mère et sa mère avaient bien ri en cachette, prononcé des mots comme « lignée », « atavisme », « génétique ». Depuis cette aventure lointaine, Valentine n’a jamais cessé de « clepter », selon son impression. De tout, et surtout n'importe quoi : des valises, des cachemires, des robes, des peignoirs des draps de bain dans les hôtels. L’important n’est pas l’objet volé, mais le frisson que procure le geste, la sensation d’être passé de l’autre côté, l’impression d’exister. 

Ce n’est pas le besoin qui la pousse à voler : son mari est ministre, elle est experte en art.
Le métier de son époux, voilà bien le problème : une fois, une seule fois, Valentine s’est fait prendre après avoir subtilisé des bandes de cire dépilatoire au Monoprix.  Relâchée sans être poursuivie, elle a guetté  avec angoisse la parution du Canard enchaîné pendant des semaines.

Il y a un dieu pour les kleptomanes, une règle aussi édictée par sa grand-mère : « ne jamais voler chez les amis, un peu de tenue ! ».
Une consigne qu’elle va un jour bafouer. Pour la première fois, « cette fameuse pulsion qui s’emparait de son bras, le soulevait, le guidait », donnait du piment à son existence  la remplit de honte. Elle a volé un proche. Mais alors qu'on s’attend à une litanie de remords, de prise de conscience, de rendez-vous chez le psy, ce dernier méfait va faire exploser sa vie, celle de ses proches. De tous ceux qu’elle côtoie, Valentine n’est sans doute pas la plus malhonnête !

Dans ce roman alerte et souvent drôle, Florence Noiville explore la cleptomanie, une habitude néfaste et réprimée par la loi. Une addiction, qui, toutefois,  comparée à certaines habitudes de son milieu comme l'évasion fiscale peut paraître assez inoffensive.
Dans ce jeu de l'arroseur arrosé, le dénouement aussi inattendu que réjouissant ravit le lecteur.
 

Brigit Bontour

Florence Noiville, Confession d’une cleptomane, Stock, août 2018, 198p. -, 17,50 euros
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