Pornarina ou la rédemption définitive

Existe-t-elle, d’ailleurs, cette Pornarina qui fait courir tant de vieux limiers ? C’est qu’elle ensanglante l’Europe depuis des décennies. N’est-elle pas plutôt imitée ? Le copy-cat est la seconde division des tueurs en série. Car personne ne l’a jamais vue. Ou alors c'est un prétexte pour que de vieux savants fous aient encore quelque chose à faire. Un os à ronger... Enfin, si. Elle doit bien exister puisqu'il y a des morts. Emasculés. Totalement…
Celle que l’on croit être une prostituée vengeresse profite d’une gâterie pour soulager le client de son service trois pièces. Grande bouche, donc. Et carnation à l’égale.
D’où son sobriquet de la-prostituée-à-tête-de-cheval…

Un drôle de savant fou vivant en ermite dans un château, fils unique d’un couple siamois de femme-monstres montrées dans un cirque, s’est juré de débusquer Pornarina. Il existe même une Ligue qui se réunit à Genève pour que chacun présente l’avancée de ses travaux…
Car chacun y va de sa théorie. Monstre sylvain, voire chnotien, un peu minotaure aussi. Quelque chose venant de la terre, non des égouts. N’avait-elle pas d’ailleurs une tête de cheval et non une face de rat ?
D’autres parlaient d’une Grande Expiatrice. Il y a même un embryon de secte qui regroupe d’anciens violeurs qui attendent son châtiment avec sérénité…

Aux côtés du docteur Franz, une jeune contorsionniste adoptée, Antonie. Orpheline tirée du ruisseau. Eduquée d’une drôle de manière. La voilà qui s’éprend de faire justice elle-même. Envoyée par son père sur les traces du monstre, elle déjoue ses attentes et s’émancipe. C’est d’ailleurs elle la véritable héroïne de l’histoire. Elle qui sombre petit à petit dans l’horreur. Devient une tueuse en série…


Ne s’interdisant aucune limite – rappeler d’entre les morts le grand Sherlock, traverser les âges –, Raphaël Eymery livre un récit haletant. Un prix Sade du premier roman 2017 amplement mérité !
Nous évitant les détails inutiles, il ne sombre pas dans le gore tout en distillant son poison avec habileté. On reste accroché. Malgré les tensions, la lecture s’emballe. Au plus près de la capture de Pornarina, les rôles s’inversent.
Le suspens noue le ventre. Antonie a plus d’un tour dans son sac…

Annabelle Hautecontre

Raphaël Eymery, Pornarina, Folio, mai 2019, 256 p. -, 7,40 €
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