L’art de la fugue, selon Arthur H

Ô jeu des homonymies vocales : la première fois que j’ai entendu parler d’Arthur H mon cerveau a pensé Arthur Ashe ; il faut dire que je me drogue au tennis depuis mes neuf ans, mais dès que j’ai su que c’était le fils du chanteur de Champagne, la première chanson que j’ai apprise par cœur, il n’y avait plus d’ambiguïté. Arthur H est bien le fils de Jacques Higelin et l’on connaît la difficulté de porter le nom de papa et de vouloir marcher sur ses traces. Il est amusant de noter que les fils de dans le cinéma (Paul B et Anthony D, surtout) se sont cassés les dents quand Thomas D, Matthieu C et donc Arthur H s’en sont si brillamment sortis…

Et comme artiste ne signifie pas spécialisation, voilà que notre musicien-chanteur s’en va noircir du papier. Initialement invité dans la très belle collection Traits & Portraits du Mercure de France (qui accueillit Willy Ronnis, Jan Voss ou Pierre Alechinsky, entre autres), cette version pochei n’a rien à envier à son aînée : papier huilée de très belle qualité, photographies et reproductions de la même teneur, un petit livre, soit, mais plutôt un très beau livre de petite taille.

Ainsi Arthur ouvre-t-il sa boîte à souvenirs par un dialogue surréaliste avec le fantôme de Bach, qui d’autres dès lors que l’on évoque l’art de la fugue ? Une drôle de manière de dire zut au conformisme, une invitation au voyage mais surtout la seule manière de sentir enfin... libre ! qui semble s’inscrire dans les gènes puisque ce fut la mère d’Arthur qui ouvrit le bal de bien belle manière en quittant la banlieue parisienne pour s’encanailler en Corse avec une bande d’amis ; on imagine bien que Jacques a son lot de coquineries à son actif – mais Arthur reste discret sur la jeunesse de feu son père – puis donc ce fut à son tour de fausser compagnie aux adultes et d’embarquer comme mousse sur un voilier lors d’un voyage aux Antilles.

Le parcours littéraire proposé est agréable, enchanteur par endroit, grave et léger tout à la fois tant l’insouciance des protagonistes et la candeur qui les habite se répand dans la très belle narration, poétique et imagée qu’Arthur H nous distille entre ces pages.
Un petit recueil de pur plaisir.

 

François Xavier

 

Arthur H, Fugues, 33 illustrations, Folio, septembre 2020, 192 p.-, 7,50 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.