Un pas de deux avec Kazuo Ishiguro

Je sais, le moral n’est pas au beau fixe ces temps-ci, mais ce n’est pas une raison pour se laisser abattre, et même si la mélancolie flotte au-dessus de ces deux nouvelles – qui pourrait être deux chapitres d’un gros roman – on ne peut nier le plaisir de lire le prix Nobel 2017 qui parvient, en quelques mots, phrases adroitement entrelacées sur la partition narrative à nous montrer que c’est bien de cela qu'il s'agit, qu’il nous faut comme remède à ce désenchantement qui nous plombe nuit et jour, jour et nuit ; donc glissez, je vous prie, ce petit opuscule dans votre poche histoire d’en savourer la douce mélodie lors de vos transports en commun en apnée voire pour une pause douceur si vous avez la chance de télétravailler et d’éviter la contagion en lieux clos.

Le premier acte se situe à Venise, le second à Los Angeles dans un hôtel chic qui sert de base de repos pour les patients d’un grand chirurgien esthétique ; le tout dans l’atmosphère du jazz, cette musique si merveilleuse et trop souvent oubliée au profit du bruit étincelant des starlettes vulgaires qui inondent nos écrans ; le jazz, cette musique qui se réinvente à chaque interprétation, qui se vit, qui ne se joue pas mais s’interprète, se métamorphose par la grâce et le génie du musicien ; et c’est bien ici que se situe la problématique de ces deux nouvelles : comment percer, démontrer son petit plus dans un univers sclérosé et vampirisé par les médias, la publicité, l’entre-soi qui n’offre pas toujours au meilleur de pouvoir percer ; une leçon de modestie dans un monde en folie.

 

Rodolphe

 

Kazuo Ishiguro, 2 nouvelles musicales, traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch, Folio, novembre 2020, 144 p.-, 2 €

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