Giosuè Calaciura : les faubourgs de Palerme

Le romancier se livre à une poursuite et une pénétration inédites au sein de couches géologiques comme des paysages de Palerme et de son Borgo Vecchio.
Les strates que propose le livre ne sont donc pas que sédimentaires mais appartiennent à des zones obscures, faites d'arrachements et d'excroissances.

Existe là une exploration beaucoup plus périlleuse que celle des alpinistes. Elle met en scène la solitude de trois enfants pauvres. Cela permet de pénétrer une connaissance en profondeur non seulement de la ville mais de ceux qui entretiennent un langage déjà perdu avec le monde.
Il faut alors au romancier plus de langage pour une telle vision du réel. Mimmo, Cristofaro  et Celeste y sont amis à la vie à la mort. Ils grandissent comme ils peuvent parmi les parfums de la mer, le marché aux balances truquées et les venelles tortueuses.  Ils vivent dans le monde de la violence et "le caprice de Dieu", prisonniers de rêves qui persistent, résistent mais restent inaccessibles. C’est donc aussi autour de cette absence présence que s’organise une promesse. 

S’agit-il de ramener dans et par le langage quelque chose qui serait enfoui ? Sans doute. Sans croire pour autant qu'un roman reste la simple clé qui permettrait d’atteindre une paix irrécusable. Elle avance ici mais elle aussi en présence in abstentia.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Giosuè Calaciura, Borgo Vecchio, traduit de l'italien par Lise Chapuis, Folio, janvier 2021, 160 p., 6,90 €

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